Sans titre est l'une des nombreuses gouaches sur papier noir que Wassily Kandinsky a réalisées au cours de ses dernières années à Paris. Exécutée en 1940, une période d'incertitude et de tension immenses, alors que l'Europe se rapprochait de la guerre, cette œuvre ne révèle rien de l'angoisse et des difficultés que Kandinsky et sa femme, Nina, ont connues alors qu'ils vivaient à Neuilly-sur-Seine, en banlieue parisienne. Au contraire, cette œuvre présente l'artiste se délectant de son propre langage de formes abstraites, langage qu’il a créé tout au long de sa carrière. Avec des lignes fines, la variété des formes dans Sans titre semble en apesanteur, flottant sur le fond noir. Une impression de légèreté se dégage des formes délicatement équilibrées les unes par rapport aux autres. Contrairement à la structure géométrique rigide et aux lignes droites des œuvres abstraites du Bauhaus de Kandinsky, la présente gouache illustre la nature de plus en plus lyrique et souvent organique des œuvres parisiennes de l'artiste. Les croissants suggèrent des lunes semi-éclipsées, tandis que les plans de points colorés semblent avoir une qualité organique et naturelle. Au cours des années 1930, Kandinsky s'intéresse aux similitudes entre les structures de l'art et celles de la nature. Il est fasciné par les formes biomorphiques et stylisées de la biologie moléculaire, qui sont elles-mêmes à la fois abstraites et figuratives. Son intérêt pour l'analyse microscopique de ces formes est illustré dans un essai écrit en 1935, intitulé Deux directions , dans lequel il décrit un « œil interne » qui « pénètre la carapace dure, la ‘forme’ extérieure, s'enfonce dans l'objet et nous fait sentir avec tous nos sens son ‘pouls’ interne" (W. Kandinsky, "Two Directions", in K. C. Lindsay et P. Vergo, éds., Kandinsky, Complete Writings on Art , Paris, 1982, p. 777). Le détail minutieux des lignes et des points de couleur dans Sans titre illustre le nouveau vocabulaire pictural organique que Kandinsky avait introduit dans son travail de l'époque, démontrant, avec un détail exquis, la "pulsation" interne et le rythme de ses formes picturales soigneusement choisies. Sans titre is one of a number of gouaches on black paper that Wassily Kandinsky created during his last years in Paris. Executed in 1940, a time of immense uncertainty and tension, as Europe moved closer towards war, the present work reveals nothing of the angst and hardships that Kandinsky and his wife, Nina, experienced while living in Neuilly-sur-Seine, outside Paris at this time. Instead, this work presents the artist revelling in his unique, abstract language of forms that he had created throughout his career. With thin lines, the variety of forms in Sans titre appears weightless, floating against the black background. A sense of lightness pervades as forms are delicately balanced on top of one another. In contrast to the rigid, geometric structure and straight lines of Kandinsky’s Bauhaus abstract works, the present gouache exemplifies the increasingly lyrical, and often organic-based nature of the artist’s Parisian works. The crescent shapes suggest semi-eclipsed moons, while the planes of individual, coloured dots also appear to have an organic, natural quality. Throughout the 1930s, Kandinsky had become interested in the similarities between the structures in art and in nature, becoming fascinated by the biomorphic and stylised forms of molecular biology for example, which were themselves simultaneously abstract and figurative. His interest in the microscopic analysis of these forms is illustrated in an essay he wrote in 1935, entitled ‘Two Directions’, in which he describes an ‘internal eye’, that “penetrates the hard shell, the external ‘form’, goes deep into the object and lets us feel with all out senses its internal ‘pulse’.” (W. Kandinsky, ‘Two Directions’, in K. C. Lindsay and P. Vergo, eds., Kandinsky: Complete Writings on Art, Paris, 1982, p. 777). The minute detail of the lines and coloured dots in Sans titre is illustrative of the new organic, pictorial vocabulary that Kandinsky had introduced into his work of the time, demonstrating, with exquisite detail, the internal ‘pulse’ and rhythm of his carefully chosen pictorial forms.