FRANÇOIS SCHUITEN (né en 1956)
Les Cités Obscures - La fièvre d’Urbicande
Encre de Chine sur papier pour la planche 4 de l’album.
Signé, 46,5x34,3 cm.
Casterman, 1985.

« Transformer le chaos en harmonie. » À en croire la lettre qu’il écrit au début de La Fièvre d’Urbicande, voici le crédo de l’urbatecte Eugen Robick. Une foi qui va vaciller au fur et à mesure du plus célèbre album des Cités obscures, cette série notable par François Schuiten et Benoît Peeters dont cet opus est certainement le plus réputé. Et pour faire comprendre au lecteur la rigueur extrémiste des urbatectes de cette ville, les auteurs vont utiliser une seule planche, muette, qui doit stupéfier par ses lignes droites et ses espaces épurés.
Plus de 35 années après sa réalisation, cette fameuse planche n’a rien perdu de sa force et de sa pertinence. Seul maître à bord, Schuiten a su jouer avec l’espace libre, quelques masses de noir et surtout des hachures soigneusement maîtrisées pour rendre compte de l’atmosphère grandiloquente, austère et aseptisée d’Urbicande. Dominant l’espace, les lignes forment un tout et sont partout : dans les bâtiments et dans les ombres, même dans le ciel et ses nuages. L’auteur joue sur la perspective pour accentuer la fragilité de ces deux pâles formes humaines comme si leur présence était incongrue dans ce cadre rigide dévolu à la ligne et qui bannit l’arabesque.
Unique planche muette du plus connu des albums des Cités obscures, il s’agit surtout d’une des rares exemplaires de la série à être sur le marché, l’auteur ayant conservé puis donné l’ensemble de ses originaux à des fondations afin que ses albums puissent être imprimés dans le futur dans le plus grand respect de son travail.

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