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JANKÉLÉVITCH, Vladimir (1903-1985)
Lettre autographe signée à un membre de l'A.N.A.C.R., datée "12 octobre 1971".
2 pp. in-12 (210 x 132 mm). Encre bleue sur un feuillet à en-tête "Université de Paris, Faculté des lettres et sciences humaines, Sorbonne".

Lettre d'indignation contre des propos tenus par Georges Pompidou sur la Résistance.

S'adressant à un camarade membre de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (A.N.A.C.R.), Jankélévitch se révolte contre le compte-rendu d'une interview donnée par le Président de la République à un journaliste américain, Keith Batsford, paru dans le Nouvel Observateur en septembre 1971. Le président Pompidou avait raconté n'avoir rencontré que "de légères difficultés" sous l'Occupation, sans jamais "passé en zone libre". Et Batsford d'ajouter : "Il ne voulait pas être embarqué dans l'agitation politique qui régnait là-bas. Quant au romantisme de la Résistance, les vrais héros, et ceux qui se proclament tels... et citant Pompidou : "Je desteste toutes ces histoires (...) Je déteste les médailles, je desteste les décorations en tout genre".
Jankélévitch commente : "M. Pompidou s’exprime au sujet du « romantisme de la Résistance » et de ses « prétendus héros » (« Je déteste toutes ces histoires ») en des termes scandaleux." Convoquant la conduite personnelle du Président, il poursuit : "Il est déjà scandaleux que le premier magistrat de la République, quand il a l’âge de M. Pompidou, n’ait d’aucune manière participé à la Résistance. Mais qu’il se permette d’ironiser en termes si méprisants et même si insultants, sur tant de luttes et de souffrances, cela passe l’entendement." La vigilance de Jankélévitch se double d'une crainte supplémentaire : "Je me demande si cette insulte calculée, de la part d’un homme conscient et responsable, ne prélude pas à la réhabilitation de Pétain, que nous redoutons tous." Il conclut sa lettre sur un appel à l'aide : "Je sais que vous êtes les vigilants gardiens d’un idéal de plus en plus bafoué. C’est pourquoi je m’adresse à vous."

Philosophe et musicologue, Vladimir Jankélévitch fut professeur à la Sorbonne pendant plus de trente ans. En 1940, il fut destitué de la fonction publique en raison de sa confession juive et s'engagea dans la Résitance à Toulouse. Il se fera par la suite un "devoir sacré" de lutter contre l'oubli et de témoigner au nom de ceux qui ne pouvaient plus le faire, militant notamment pour l’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité. À l'époque d'écriture de cette lettre, il réfléchit à la question de pardon, s'y opposant à deux reprises avec Le Pardon (1967) et Pardonner ? (1971).

Beautiful letter to a former member of the Resistance, where Jankélévitch shares his indignation about an interview given by Georges Pompidou.

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