Details
En forme de feuille de lotus, composée de panneaux de laque imitant la laque japonaise du XVIIe siècle, figurant sur le couvercle un dauphin et une jonque, sur le fond un coq et une poule picorant devant un rocher boisé et une pagode, les panneaux latéraux figurant en alternance des pagodes et des oiseaux tels que des grues et des canards, l’intérieur décoré à l’imitation du bois et centré sur le fond d’un grand vase avec des branches de cerisier et sur le couvercle d’un lion bouddhique rampant, tout en hiramaki-e et takamaki-e nashiji, les montures en or moulurées de filets, gravée sur la gorge ‘GOUERS A PARIS’, poinçons sur la gorge : charge, lettre-date (q), décharge et poinçon de contrôle postérieur
D.: 7,5 cm. (3 in.)
Poids brut: 95 gr. (3 oz. 1 dwt.)
Provenance
Vente Christie's, Genève, 16 mai 1995, lot 108.
FURTHER DETAILS
AN IMPORTANT LOUIS XV LACQUER AND GOLD-CAGEWORK SNUFF-BOX
BY DANIEL GOUERS / GOVERS OU GOVAERS, PARIS, 1732-1733
Shaped as a lotus leaf, the cover, base and sides consisting of slightly bombé lacquer panels imitating Japanese 17th century lacquer, the cover with a ship on a wavy sea with a dragon/dolphin-like fish, the underside with a cockerel and a hen in a landscape with a pagoda, the side panels with landscapes and exotic birds, the inside with finish imitating wood framing a large vase with branches of cherry tree and in the cover a rampant buddhist lion, all in silver and gold hiramaki-e and takamaki-e nashiji, with reeded gold cagework mounts and slightly flaring thumbpiece echoed in the lower mount, the flange signed "Gouers AParis", marked on flange: charge, date-letter (q), decharge and later control mark


Japanese lacquer arrived in Europe in the 17th century, first via the Portuguese and then via the English, Dutch and French East India Companies. However, it wasn't until the 1720s that lacquer appeared on the Paris market in large volumes, and the exclusive right to trade it was held by marchands merciers, who retailed whole objects as well as small pieces to meet growing demand.
To compensate for this shortage of raw materials, and above all to match the quality of Asian works, varnishers set about imitating these productions from the end of the 17th century onwards. The first attempts were made by the Dagly family, a dynasty of varnishers originating from the city of Spa in Belgium in the 17th century, and in particular Jacques Dagly (1665-1729), who joined the Manufacture des Gobelins and developed the 'Dagly varnish' capable of imitating Japanese and Chinese lacquers.In Paris, the Martin brothers went on to produce what is considered to be the most refined form of European lacquer and gave their name to the technique: Vernis Martin. In 1730, they obtained a monopoly on the production of imitation Chinese and Japanese lacquers, renewed in 1744. Vernis Martin was developed from a varnish called chipolin, which is remarkably glossy, fine-textured and produced with a range of colours enhanced by gold dust beneath the surface, producing a sparkling finish. The lengthy process involved applying up to forty coats to the surface, each of which was then polished to the required depth and finish.At the same time, there were other varnishing workshops, but little is known about their work, as the inventories of marchands merciers rarely give any indication of their suppliers.

This bonbonnière, which by its nature and appearance resembles a 17th-century Japanese lacquer object with takamaki-e and hiramaki-e gold and silver decoration on a nashiji background, in fact has a very European iconography. Indeed the perspective typical in Japanese lacquer is here not respected and the motifs have no parallel in Japan. For example, the boat on the lid is a hybrid between a junk and the Versailles Grand Canal's flotilla used during the reign of Louis XIV; the dragon emerging from the waves is more akin to the dolphin that adorn the great fountains of Paris; the lion adorning the inside of the lid resembles a caricature of Louis XIV such as the one by Romeyn de Hooghe published in 1672, which does not distort the portrait but presents the king as a predator (illustrated here).
This bonbonnière therefore appears more like a European expression of Japanese or Chinese motifs, and recalls the decorative engravings for lacquer boxes produced by Jean-Michel Papillon (1698-1776) and intended for varnishers.
Daniel Gouers / Govers or Govaers became a master in 1717, sponsored by Arnoult Georges, and was active until 1748. Considered to be one of the most important makers of snuff-boxes in the first half of the 18th century, his boxes were certainly admired and coveted by the king, since the Registres des Présents du Roi make numerous references to boxes bearing the "Gouers hallmark" between 1726 and 1735. His snuff-boxes, which often incorporate materials such as lacquer and hardstone, are generally engraved on the flange "Gouers à Paris". Although of Flemish origin, Gouers nevertheless succeeded in becoming a goldsmith in Paris as well as "Orfèvre ordinaire de la Reine et Marchand orfèvre joaillier de leurs Majestés". He was undoubtedly a complex character with a turbulent life: as H. Nocq describes in Le poinçon de Paris he filed for bankruptcy in 1736 and fled to Brussels, before being forcibly returned to Paris, where he was imprisoned in the Bastille. He was imprisoned for several short periods for fraud, including one between 23 October 1737 and 15 February 1738.
Gouers is a colourful but above all innovative goldsmith. There is no indication of where the lacquer was bought: was it a special order and was it supplied to him by his client? Did Gouers buy it in Paris or Brussels, where he often went? Is there a message behind the bonbonnière, or is the decoration a metaphor? Is it a representation of Louis XIV and the Dauphin? Is the box of royal provenance? All these questions add to the mystery of this magnificent object.

COMPARATIVE BIBLIOGRAPHY:
Les secrets de la laque française, musée des Arts décoratifs, Paris, 2014, p. 135, No 78.
S. Castelluccio, Le Goût pour les laques d’Orient en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, St-Remy-en-L’eau, 2019.
K. Snowman, Eighteenth Century Gold Boxes of Europe, Londres, 1966.
A. Maze-Sencier , Le livre des collectionneurs, Paris, 1885.
Henry Nocq, Le poinçon de Paris, Paris, 1922-1930.
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Lot Essay

La laque japonaise arrive en Europe au XVIIe siècle, d’abord par le biais des Portugais puis par les Compagnies des Indes Orientales, anglaises, hollandaises et françaises. C’est pourtant seulement à partir des années 1720 que la laque fait son apparition sur le marché parisien en volume important, et l'exclusivité de son commerce est détenue par les marchands merciers qui n’hésitaient pas à la vendre à la découpe pour suppléer à une demande grandissante.

Afin de pallier ce manque de matière première, et surtout par souci d’égaler la qualité des œuvres asiatiques, des vernisseurs s’employèrent dès le XVIIème siècle à imiter ces productions. Les premiers essais reviennent sans doute à la famille Dagly, dynastie de vernisseurs originaire de Spa depuis le XVIIe siècle et notamment Jacques Dagly (1665-1729) qui rejoint la Manufacture des Gobelins et met au point le vernis Dagly capable d’imiter les laques japonaises et chinoises.
Les frères Martin ont ensuite produit ce qui est considéré comme la forme la plus raffinée de laque européenne et donnèrent leur nom à cette technique : le vernis Martin. Ils obtinrent en 1730 le monopole de la production d'imitations de laques de Chine et du Japon; monopole reconduit en 1744. Le vernis Martin fut développé à partir d'un vernis appelé chipolin, remarquablement brillant, de texture fine et produit avec une gamme de couleurs rehaussées par de la poussière d'or sous la surface, produisant une finition étincelante. Le long processus nécessite l'application de jusqu'à quarante couches sur la surface, chacune étant ensuite polie pour obtenir la profondeur et la finition requises.
Il existait parallèlement d'autres ateliers de vernisseurs, mais l'on sait encore peu de choses sur leur travail, les inventaires des marchands merciers donnant rarement une indication sur leurs fournisseurs.

Cette bonbonnière, qui s’apparente de par sa nature et son aspect à un laque japonaise du XVIIe siècle à décor en takamaki-e et hiramaki-e or, argent sur fond nashiji, présente en fait une iconographie très européenne. En effet, non seulement la perspective typique en laque japonaise n’est pas ici respectée, mais les motifs n’ont par ailleurs aucun comparable au Japon. Ainsi, le bateau qui orne le couvercle est un mélange hybride entre une jonque et la flottille du grand canal de Versailles à l’époque de Louis XIV; le dragon émergeant des flots s’apparente plus aux dauphins qui ornent les grandes fontaines parisiennes. Enfin et surtout, le lion qui orne l’intérieur du couvercle ressemble à une caricature de Louis XIV telle que celle de Romeyn de Hooghe publiée en 1672, qui ne déforme pas le portrait mais présente le roi comme un prédateur (illustrée ici).
Cette bonbonnière apparaît donc plus comme une expression européenne des motifs japonais ou chinois et rappelle les gravures de décor pour boîte en laque de Jean-Michel Papillon (1698-1776), destinées au vernisseur (voir 2014, p. 135, No 78).

Daniel Gouers / Govers ou Govaers est reçu maître en 1717, cautionné par Arnoult Georges, et actif jusqu'en 1748. Considéré comme l’un des plus importants fabricants de tabatières de la première moitié du XVIIIe siècle, ses boîtes étaient certainement admirées par le roi puisque les Registres des Présents du Roi font maintes fois références à des boîtes au « poinçon de Gouers » entre 1726 et 1735. Ses tabatières, qui intègrent souvent des matières telles que la laque et la pierre dure sont généralement gravées sur la gorge « Gouers à Paris ». Bien que d’origine flamande, Gouers n’en a pas moins réussi à intégrer la charge d’orfèvre à Paris mais aussi à devenir « Orfèvre ordinaire de la Reine et Marchand orfèvre joaillier de leurs Majestés ». Il est par ailleurs sans aucun doute un personnage complexe à la vie mouvementée : comme le décrit H. Nocq, il dépose le bilan en 1736 pour s’enfuir à Bruxelles, avant d'être ramené de force à Paris où il est emprisonné à la Bastille. Il enchaînera plusieurs courts séjours de ce type, dont un entre le 23 octobre 1737 et le 15 février 1738 pour escroquerie.

Gouers est un orfèvre haut en couleurs mais surtout novateur. Rien n’indique où la laque a été achetée : est-ce une commande spéciale et celle-ci lui a été fournie par son client ? L’a-t-il achetée à Paris ou à Bruxelles où il se rendait souvent ? La bonbonnière cache-t-elle un message et doit-on lire dans son décor un message métaphorique ? Est-ce une représentation de Louis XIV et du dauphin ? La boite est-elle de provenance royale ? Autant de questions qui ajoutent au mystère de ce magnifique objet.

BIBLIOGRAPHIE COMPARATIVE :
Les secrets de la laque française, musée des Arts décoratifs, Paris, 2014.
S. Castelluccio, Le Goût pour les laques d’Orient en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, St-Remy-en-L’eau, 2019.
K. Snowman, Eighteenth Century Gold Boxes of Europe, Londres, 1966.
A. Maze-Sencier , Le livre des collectionneurs, Paris, 1885.
Henry Nocq, Le poinçon de Paris, Paris, 1922-1930.

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