Jean Frémin (1714-1786) insculpe son poinçon en 1738 après une formation dans l’atelier de son père. Il épouse Anne-Françoise, de la famille Drais, dynastie de fabricants de tabatières et dont il cautionne Pierre-François, le fils de Pierre Drais, en 1763. Il s'installe finalement après plusieurs déménagements sur le Pont au Change, centre névralgique des fabricants de matières précieuses dans la capitale. Actif au sein de la maison commune des orfèvres tout au long de sa carrière, il prend sa retraite vers 1783, et son inventaire après décès en 1786 atteste de son succès financier, décrivant un appartement bien meublé avec non seulement de l’argenterie mais aussi de nombreuses peintures et gravures ainsi que la charge de trois serviteurs.
Le décor de cette tabatière est remarquable de par la modernité de sa composition. Frémin utilise ici un décor de fleurs, très à la mode dès les années 1740, qu'il présente de façon presque abstraite, donnant à l'ensemble une impression moderne qui s'apparente presque à l'Art Déco.
Le motif des fleurs se prête facilement aux boîtes en or. Bien que beaucoup optent pour un bouquet central qui semble s'inspirer d'un dessin pour tabatière conservé au Victoria & Albert Museum daté de la première moitié du XVIIIe siècle (E.296-1938), Frémin choisit lui de répéter le motif floral à la façon d'un papier peint. Il reprend cette formule décorative pour d'autres tabatières dont celle conservée au Metropolitan Museum, New York, datée 1756-1757 (Acc. No: 1976.155.14).