Ce bureau plat à caissons est caractéristique des meubles créés sous la Régence (1715-1723). En ébène et bois noirci, il repose sur des pieds cambrés effilés lui donnant une impression de légèreté. Ce bureau est orné de filets de laiton, d’une lingotière et de bronzes dorés, appréciés autant pour leurs qualités esthétiques que pour leurs fonctions de protection du meuble. Des bureaux à caissons similaires d’époque Régence sont passés sur le marché de l’art (coll. du Duc de Talleyrand, vente Christie’s, Paris, 26 novembre 2005, lot 192 ; vente Christie’s, Londres, 28 octobre 2015, lot 392) et conservés dans les collections muséales (Musée des Arts Décoratifs, Paris, inv. 38653).
Ce qui rend ce bureau particulièrement rare, c’est sa marqueterie de laiton en partie, qui se déploie sur le plateau, les côtés et sur les tiroirs. En effet, les plateaux de bureau de ce type sont usuellement garnis de cuir et non d’une marqueterie de laiton. D’une grande qualité, ce bureau est a rapproché d’un bureau attribué à Bernard I Van Riesen Burgh, dit BVRB I. D’une forme similaire, il est incrusté d’une riche marqueterie en partie de laiton et d’écaille de tortue (coll. Suzanne Saperstein, vente Sotheby’s, New York, 19 avril 2012, lot 128).
Au regard des qualités du travail de la marqueterie et de la structure, notre bureau peut être rattaché à d'autres grands ébénistes du premier quart du XVIIIe siècle tel que Joseph Poitou (1680-1719), ébéniste auprès duquel se forma Charles Cressent et neveu d'André-Charles Boulle. Il s'est spécialisé dans la marqueterie de métal, comme son père qui était ébéniste du duc d’Orléans. Nous retrouvons le même soin accordé à la marqueterie sur une commode d'époque Régence attribuée à cet ébéniste et passé en vente chez Christie's (vente Christie's, Paris, 14 juin 2022, lot 37).