Jacques-François Micaud travaille à la manufacture de Sèvres de 1757 à 1810. Les archives de la manufacture font état de son nom dans les années 1760 pour ses peintures de frizes colorées, d’étoffes riches et de roses détachées. Toutefois, il est avant tout reconnu comme l’un des plus talentueux peintres de fleurs de la manufacture royale. Ses compositions de cette décennie associent fréquemment aux fleurs des fruits, notamment des grenades ouvertes. À titre d’exemple, on peut citer la cuvette Verdun à fond rose marbré conservée au musée du Petit Palais à Paris ou encore la cuvette Verdun à fond petit verd vendue par Christie’s à New York le 11 janvier 2006 (lot 360).
Micaud réalise également des plaques et des tableaux sur porcelaine d’après Desportes et Monnoyer. Parmi ses œuvres notables figurent deux plaques datées de 1774 et 1775, aujourd’hui conservées au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, et reproduites par Nina Birioukova dans La Porcelaine de Sèvres au XVIIIe siècle (2005, pp. 113-114, n° 39 et 40). Citons également les deux plaques de l’ancienne collection Pierpont-Morgan, également datées de 1774 et illustrées par Xavier de Chavagnac dans son Catalogue des Porcelaines Françaises de M. J. Pierpont Morgan (Paris, 1910, n° 150, pl. XLV), passées en vente chez Christie’s, New York, le 18 mai 2005 (lot 80, $.318,400). Ces tableaux pourraient être ceux offerts par louis XVI à son beau-frère, l’archiduc Ferdinand d’Autriche le 10 février 1775, au prix de 1200 livres chacun. Une grande plaque circulaire peinte par Jacques-François Micaud et Philippe Castel en 1792 et 1793 de guirlandes de fleurs et raisin d’après Monnoyer encadrant un coq est aujourd’hui placée au centre de l’abattant d’un secrétaire conservé dans les collections royales anglaises (Sir Geoffrey de Bellaigue, Sèvres Porcelain From the Royal Collection, 1979, n° 27, pp. 40-41).
Enfin, un guéridon à plateau circulaire en porcelaine, daté de 1793, a récemment été vendu aux enchères (Étude Boisgirard-Antonini, Hôtel Drouot, 20 décembre 2020, lot 456). Ce dernier plateau est très certainement l’une des deux plaques rondes de la première grandeur peints de fleurs d’après Desportes que Micaud réalise en 1793 (arch. Sèvres Vj5).
Meuble caractéristique des marchands-merciers qui intègrent des plaques de porcelaine de Sèvres à l'ébénisterie, nous trouvons justement, dans l'inventaire après décès de Dominique Daguerre, un guéridon assez proche du nôtre : "Une petite table ronde forme de guéridon en racine de bois d'acajou poli sur trois pieds doubles en bronze doré façon de bambous avec entrejambe à tablettes et camé de porcelaine ornant la tablette supérieure prisée trois cent francs" (Patricia Lemonnier, Weisweiler, Editions d'Art Monelle Hayot, Paris, 1983, p. 162).
Nous connaissons un dessin préparatoire d'un modèle similaire, conservé au musée des Arts décoratifs à Paris et illustré dans Patricia Lemonnier, op. cit., p. 90. Plusieurs exemplaires connus de ce modèle et estampillés Adam Weisweiler sont ronds, aux double colonnettes en forme de bambou surmontés d'enfant et à entretoise évidée sommée d'une coupe. Nous pouvons penser que ce modèle a été exclusivement conçu par le célèbre ébéniste et vendu par Daguerre.