Le parcours de Joachim Murat est un des symboles de l’élévation dans la société républicaine puis impériale. Fils instruit d’aubergiste, il rejoint sous l’Ancien régime la cavalerie. Son amour de l’art équestre, et surtout sa grande bravoure vont lui permettre de s’élever à travers la hiérarchie des armées républicaines : il est général de division en 1799 durant la campagne d’Égypte, durant laquelle il se distingue encore avec Bonaparte, dont il est un proche depuis l’Italie. Peu après son retour d’Égypte en 1800, il épouse d’ailleurs Caroline Bonaparte, la plus jeune sœur de Napoléon. Joachim Murat est fait sous l’Empire prince puis grand-duc de Berg et de Clèves, le 30 mars 1806, puis roi de Naples, sous le titre de Joachim-Napoléon, le 15 juillet 1808.
La fin de l’Empire est marquée par les revers des armées impériales mais également les tentatives du Roi Joachim Napoléon de sauver son Royaume napolitain. Précurseur de l’unité italienne, il tente une dernière fois de soulever la péninsule en Calabre, après la bataille de Waterloo, mais est fait prisonnier puis est exécuté le 13 octobre 1815.
L’important ensemble d’ordres de chevalerie de notre vacation symbolise l’important rouage qu’est Murat au sein de l’Europe napoléonienne : un personnage bien plus complexe que le cavalier flamboyant et brave ; un véritable homme d’état qui réussit à maintenir son trône napolitain au congrès de Vienne (1814).
Joachim-Napoléon, roi de Naples, fut fait grand commandeur de l’ordre par son beau-frère Jérôme Napoléon, roi de Westphalie en 1810. L’ordre eut un durée de vie très courte car il fut créé en 1809 pour disparaître en 1813.
Les insignes de grand commandeur sont de nos jours particulièrement rares. Statutairement limités à dix titulaires, ils ont été quatorze, incluant le grand maître de l’ordre, le Roi Jérôme. Parmi les quelques rares plaques connues figurent celle de Cambacérès, conservée au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie, en canetille et lamé, avec un centre métallique, celle de l’Empereur Napoléon Ier, prise à Waterloo, du même type, celles de Siméon (vente Drouot 1994), du même type et celle de la collection Brouwet (conservée au Musée royal de l’Armée de Bruxelles). Brodée, à centre métallique à fond unie.
Notre plaque est, à notre connaissance, le seul modèle entièrement métallique connu et semble dérivée du dessin du recueil des ordres français et étrangers (Bibliothèque Paul Marmottan) réalisé vers 1811.