Cet élégant secrétaire témoigne de l'ingéniosité de l'ébénisterie parisienne de la fin du XVIIIe siècle et en particulier de l'oeuvre de Roger Vandercruse dit Lacroix (1728-1799). Il se spécialise dans la création de meubles de grande qualité, souvent ornés de marqueteries complexes et de dispositifs mécaniques sophistiqués. Il collabore à de nombreuses reprises avec des marchands-merciers, notamment Simon-Philippe Poirier, qui lui fournissent des matériaux précieux tels que des plaques en porcelaine de Sèvres et de la laque orientale pour être incorporés dans ses pièces.
La construction de ce meuble se retrouve dans plusieurs secrétaires de Roger Vandercruse ou qui lui sont attribués. Juché sur quatre pieds fuselés, il s'ouvre par un tiroir à la ceinture orné d'un décor rappelé sur ses cotés, la partie haute composée de deux séries de trois étagères en écoinçon et d'un abattant central décoré de plaques de porcelaine de Sèvres (coll. Kress, Metropolitan Museum de New York, inv. 58.75.52 ; coll. James A. de Rosthchild, Waddesdon Manor, illustré dans l'ouvrage de G. de Bellaigue, op. cit.) ou d'une riche marqueterie réhaussée de bronzes dorés (vente Christie's, Londres, 9 décembre 2010, lot 261 ; vente Christie's, New York, 22 octobre 2020, lot 182 ; coll. particulière, illustré dans l'ouvrage de P. Devinoy et G. Janneau, op. cit.).
Ce modèle de secrétaire est très apprécié par à la fin du XVIIIe siècle. De prestigieux ébénistes, tels que Adam Weisweiler et Joseph Stöckel, ont également livrés des meubles de ce type (A. Pradère, op. cit. ; P. Kjellberg, op. cit.)