Véritable prouesse technique nous devons la réalisation de cette œuvre à Louis Lafitte qui puisa directement son inspiration chez les deux grands maîtres du néoclassicisme : François Gérard et Pierre-Paul Prud’hon. Les douze panneaux illustrent ici l’histoire de Psyché du roman de Jean de La Fontaine intitulé Les Amours de Psyché et Cupidon paru en 1669.
Dans cette fable, Psyché, une princesse d’une beauté exceptionnelle, suscite l’admiration universelle, y compris celle des dieux. Cependant, sa beauté engendre la jalousie de Vénus, déesse de l’amour, qui, irritée par le culte rendu à Psyché, décide de la punir. Elle ordonne à son fils, Cupidon, de faire en sorte que la jeune fille tombe amoureuse d’un homme détestable.
Cependant, Cupidon, sous l’effet de sa propre flèche, tombe éperdument amoureux de Psyché. Par conséquent, il la prend comme amante, mais la dissimule à sa vue, en lui interdisant de connaître son identité. Psyché, désemparée par ce mystère, se voit confrontée à une série d’épreuves imposées par la déesse Vénus, destinées à la faire souffrir et à l’éloigner de son amour. Malgré la cruauté de ces épreuves, Psyché, guidée par son amour sincère pour Cupidon et par un courage indomptable, parvient à les surmonter. Grâce à l’intervention d’autres divinités bienveillantes et à sa persévérance, elle finit par réussir. Après avoir enduré de multiples souffrances, Psyché et Cupidon sont réunis. Psyché est alors élevée au rang des déesses et reçoit l'immortalité pour pouvoir épouser Cupidon.
Cette fable illustre plusieurs thématiques fondamentales : la persévérance dans l’amour véritable, le triomphe de l'amour pur sur les obstacles extérieurs, ainsi que l’idée que l’amour véritable se construit par la souffrance et la patience. De plus, elle met en évidence la victoire de l’âme humaine sur les forces adverses, telles que la jalousie ou la malveillance, et ce, grâce à la vertu et à l’amour sincère. La Fontaine, tout en s'inspirant de l'œuvre d'Apulée, s'attache dans son récit à une réflexion sur l’amour et la quête du bonheur, symbolisant ainsi l'idée que la véritable récompense vient à ceux qui persévèrent dans leur quête de vérité et de sagesse.
La réalisation de cette œuvre représente un véritable défi technique. Ici aucun motif n'est répété d'un panneau à l'autre. Bien que l'apparence soit en grisaille, elle a nécessité l'utilisation de 23 couleurs différentes, et au total, 1245 planches de bois gravé ont été imprimées manuellement. Ce travail considérable a été récompensé par une médaille d'argent décernée à la manufacture Joseph Dufour lors de l'Exposition des produits de l'industrie française en 1819. Aujourd’hui une version identique et complète est conservée au Musée des Arts Décoratifs de Paris et témoignant ainsi de la longévité du succès de ce panoramique (Inv. HH 2).