A partir de 1794, Georges Jacob est aidé dans son atelier par ses deux fils, l'ainé Georges, et le plus jeune, François-Honoré, qui prennent alors en charge l'atelier à partir de 1797 et le baptisent Jacob Frères. L'aîné assumait l'administration de l'entreprise, alors que François-Honoré, dessinateur remarquable et l'un des ébénistes les plus habiles de son temps, s'occupait de la partie technique. C'est pendant cette courte période de collaboration entre les deux frères, entre 1797 et 1803, la mort de Georges II, que ces chaises ont été réalisées, à cheval entre deux époques : le Directoire et le Consulat. S'il est difficile de déterminer l'année de leur création, il est fort probable que, compte tenu de l'instabilité politique et de la stagnation des affaires qui existaient encore sous le Directoire, la grande majorité de ces sièges a été fabriquée sous le Consulat, pendant lequel les commandes recommencèrent à affluer dans l'atelier.
A l'image d'un grand nombre d'oeuvres des Frères Jacob pendant cette période, cette chaise est d'une grande sobriété : aucun motif ne vient ajouter à la décoration des bois, seules quelques moulures soulignent élégamment le dossier et la ceinture. "Les bois de cette époque ne valent que par leurs lignes et la sobriété de leurs contours", écrit Ernest Dumonthier, Administrateur du Mobilier National de France. Cette chaise illustre ainsi un style consulaire, embryon du style Empire, soit l'application d'un art conçu bien avant l'établissement du régime impérial.

Cette chaise porte une marque au feu du Château de Fontainebleau, qui atteste ainsi leur provenance. La même marque figure d'ailleurs sur une suite de six chaises provenant des palais des Tuileries et de Fontainebleau, vendue chez Sotheby's à Paris le 15 novembre 2023, lot 195.