Cette commode est remarquable par ses marqueteries à décor de chinoiseries. Les scènes reproduisent fidèlement des gravures ornementales issues de la série Les cinq sens, créée par François Boucher et gravée Gabriel Huquier dans les années 1740. Cette série connaît un certain succès, notamment grâce à la diffusion de nombreuses reproductions gravées, qui inspirent créateurs de meubles et de porcelaines, comme Pierre Roussel ou encore Christophe Wolff, de qui cette commode est estampillée.
Ebéniste d’origine allemande, devenu maître à Paris en 1755, ce dernier est réputé pour la délicatesse de ses marqueteries figuratives, comme l’atteste le bureau capucin Louis XV, conservé au Louvre (inv. OA 6558), qui présente de charmants paysages animés de personnages à l’antique en marqueterie de bois et d’ivoire. Mais le genre dans lequel il s’illustre le plus est sûrement le décor de chinoiseries, d’après François Boucher, comme l’illustre également la commode du Musée des Arts Décoratifs de Paris, justement présentée dans l’exposition Une des provinces du rococo. La Chine rêvée de François Boucher, musée des beaux-arts et de l’archéologie de Besançon, 2019-2020.
Dans la notice qu’il consacre à Wolff dans son ouvrage Le mobilier français du XVIIIe siècle, Paris, 1989, p. 875-876, Pierre Kjellberg mentionne deux commodes pourvues d’encadrements de bronze simulant des arcades passées en vente, l’une à Paris le 21 mai 1926, lot 106, l’autre, presque identique, à Londres le 20 mars 1930, lot 146.