Neveu du menuisier Noël Poirié, Philippe Poirié s’établit en 1765 rue Charenton sous l’enseigne de son oncle, « Au Poirier ». Si son activité débute sous le règne de Louis XV, c’est surtout dans la seconde partie de sa carrière qu’il développe un vocabulaire ornemental aussi luxueux qu’original. Ainsi, le motif de cannelures torses présent sur les pieds de nos fauteuils, ou encore la frise d’entrelacs qui court sur la ceinture de l’assise et le cadre du dossier, sont autant d’éléments caractérisant son style élégant.
Ces fauteuils ont appartenu au couturier Hubert de Givenchy, qui collectionna passionnément les pièces de mobilier d’exception, d’abord pour l’hôtel de Cavoye, rue des Saints-Pères, puis, à partir de 1986, pour l’hôtel d’Orrouer, rue de Grenelle. Fasciné par l’œuvre d’André Charles-Boulle, Hubert de Givenchy présente dans le fameux Salon Vert de la rue de Grenelle pas moins de onze meubles réalisé par l’artiste, dont le célèbre bureau plat dit bureau « Ashburnham ». Son goût raffiné le conduisit à acquérir des œuvres de qualité exceptionnelle, parmi lesquels un miroir attribué à Charles Cressent, une paire de girandoles aux dragons provenant de l’hôtel de Jean-Antoine Crozat, ou encore des boiseries réalisées par Nicolas Pineau, faisant de sa collection l’un des plus somptueux ensembles décoratifs constitués à Paris au XXe siècle.