Le cartonnier que nous présentons ici démontre une combinaison parfaite entre praticité liée à la typologie du meuble et finesse de réalisation. On doit cette alliance superbement réussie au grand ébéniste Jean-François Leleu (1729-1807). Elève de Jean-François Oeben en même temps que Jean-Henri Riesener, Leleu fut un des maîtres ébénistes les plus renommés de son temps. Il accède à la maîtrise peu après la mort de son maître, et n’ayant pu obtenir la direction de l’atelier, s’installe à son compte en 1764. Se détachant petit à petit de la manière d’Oeben, Leleu mit au point son propre style, moins flatteur que celui de son rival Riesener, mais qui lui valut une grande renommée et des commandes prestigieuses. Madame du Barry à Louveciennes, le comte d’Artois à Bagatelle, le prince de Condé à l’hôtel de Lassay… firent en effet appel à ses services.
Aucun mieux que lui n’a sans doute mieux traduit en ébénisterie les principes mêmes du néoclassicisme. Faisant sienne la formule de Winckelmann de « noble simplicité et de grandeur tranquille », il créa des meubles d’une rare sobriété sans renoncer pour autant à l’élégance. C’est le cas du cartonnier que nous présentons ici, ses lignes sobres sont soulignées de bronzes élégants et l’utilisation de matériaux nobles tel que le bois de rose ajoutant ainsi de la préciosité à ce meuble.