Véritable tour de force de sculpture, cette paire de fauteuils illustre un tournant dans l’histoire de la menuiserie en siège au XVIIIe siècle. Le style rocaille est maintenant symétrisé, les lignes et les moulures sont sages et redeviennent régulières à l’image des dossiers dont les courbes viennent s’adoucir. Les paquets d’ornements viennent ponctuer l’ensemble des sièges de manière réfléchie, attirant le regard sur les points stratégiques de la structure. Le bouquet particulièrement fourni au centre du dossier est accompagné de délicates feuilles d’acanthe qui viennent à peine suggérer l’ancien épaulement. Ces acanthes habillent par ailleurs l'ensemble des sièges : sur les chutes des consoles d’accotoirs, la partie basse du dossier ou encore en ceinture. Celle-ci ainsi que les pieds se garnissent d’un profond bouquet. De manière très luxueuse, même les parties les moins visibles semblent avoir été pensées. Les chutes du dossier, parties bien qu’habituellement peu travaillées, reçoivent un traitement privilégié avec l’apparition de délicates feuilles. L’harmonie générale qui s’en dégage donne à ces sièges l’allure et l’unicité d’un chef-d’œuvre réalisé d’une main anonyme mais particulièrement talentueuse. La puissance de la sculpture et la finition parfaite ne peuvent que nous évoquer de grands noms de la menuiserie parisienne de cette époque et notamment celui de Louis Delanois qui eut une production particulièrement proche en terme d’exécution et de choix d’ornements.