Details
En placage d'ébène et marqueterie Boulle en première partie d'écaille de tortue caret et filets de cuivre, ornementation de bronze ciselé et doré, le cadran orné de putti tenant les cartouches émaillés inscrit dans une boîte en tête de poupée à décor de rinceaux surmontée d'Eros, les côtés flanqués de masques couronnés de feuilles de chêne, la façade présentant Saturne allongé tenant une balance, le socle à patins en enroulements, le mouvement signé Vulliamy / LONDON / 1469, le timbre marqué JD sous une étoile, le balancier numéroté 1469

H.: 84 cm. (33 in.) ; L.: 58 cm. (23 in.) ; P.: 23 cm. (9 in.)
Literature
Bibliographie comparative:
J.-P. Samoyault, André-Charles Boulle et sa famille. Nouvelles recherches. Nouveaux documents, Genève, 1979, p. 277, ill. 19a.
P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, Vol 1, Londres, 1996, pp. 375-382.
J.-D. Augarde, Les Ouvriers du Temps, Genève, 1996, p. 335.
J.N. Ronfort, et al., André-Charles Boulle 1642-1732. Un nouveau style pour l’Europe, Paris, 2009, p.74, pp. 332-333.
Special notice
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Lot Essay

Parfaite illustration du marché du luxe parisien du dernier quart du XVIIIe siècle, cette pendule revisite l’un des modèles iconiques d’André-Charles Boulle dont la célébrité a dépassé les frontières françaises pour arriver en Angleterre, puisque l’un des plus grands noms de l’horlogerie outre-Manche se voit réaliser un mouvement pour la pendule à LAmour vainqueur du Temps : les Vuillamy.
Boulle a non seulement su se réapproprier la technique de la marqueterie mais en plus développer un riche répertoire de formes pour les meubles et objets comme l’illustre la présence pendule.

Très probablement inspiré du Saturne de François Girardon réalisé pour la fontaine LHiver achevée en 1677, André-Charles Boulle choisit de délivrer un message plein d’espoir pour l’homme. En effet, le regard se porte dans un premier temps sur ce Saturne couché nonchalamment, pesant les âmes de ces hommes dont la fin est inéluctable. Et puis dans un second temps, on remarque que ce Saturne, impuissant, s’est fait voler son pouvoir par un Eros assuré, plus haut, s’enfuyant avec la faux sentencière. Enfin Boulle nous rassure , plus bas, sur le cadran : l’homme est bien libéré de sa propre finitude, regardez ces putti volants. Plus qu’un objet d’art ou d’un outil de mesure de temps, Boulle nous livre ici un secret en rapport avec une certaine liberté voire aisance que l’homme doit adopter face à la mort.

On connaît un dessin très abouti à la sanguine de cette pendule sur console d’applique daté d’avant 1700 et aujourd’hui conservé au MAD, Paris (inv. 723 D6). L’œuvre préparatoire diffère légèrement du modèle réalisé. Il est très probable que le commanditaire de cette œuvre soit Nicolas Desmarets (1648-1721), Intendant, contrôleur général des Finances de Louis XIV et neveu de Colbert.

Parmi les rares modèles de pendule à LAmour vainqueur du temps connus citons :
- celle conservée au musée des châteaux de Versailles et de Trianon, Versailles (inv. V4828.1) ;
- celle et sa console d’applique, le mouvement par André Hory, conservée dans une collection particulière et illustrée dans J.-D. Augarde (op. cit.);
- celle conservée au musée des Antiquités de la Seine-Maritime, Rouen et illustrée dans J.-P. Samoyault (op. cit., p.277, fig. 19a);
- celle conservée à la Wallace Collection, Londres, le mouvement de Claude Martinot (inv. F41) ;
- celle avec un piètement plus haut et au mouvement de Jacques-Augustin Thury et conservée à la Wallace Collection (inv. F 43)
- celle conservée dans la collection royale d’Angleterre, plus particulièrement dans le Green Drawing Room à Windsor Castle (inv. RCIN 30013). Acquise par le roi George IV (1762-1830), la particularité de cette pendule étant d’avoir un mouvement remplacé et signé par Benjamin Lewis Vulliamy, 1834 et numéroté 1222. ; Vulliamy connaissait cette pendule puisqu’il l’avait nettoyée en juillet 1815. La pendule est localisée à Brighton dans les années 1815, puis est envoyée en 1846 à Windsor au moment de la vente du pavillon par la reine Victoria.
Enfin, par extension, citons l’impressionnant régulateur livré pour Louis-Alexandre de Bourbon, comte de Toulouse pour l’hôtel éponyme, aujourd’hui conservé au musée du Louvre (inv. OA6746).

Tout le courant que l’on nomme aujourd’hui Boulle Revival auquel appartient la présente pendule, reflète une interprétation plus moderne du goût « antique » de Boulle, adaptée aux intérieurs Louis XVI. Pas un seul catalogue de vente majeure ne consacre une section aux « meubles précieux de Boule le père » ou à ceux du « genre de Boule ». Les prix obtenus sont alors particulièrement importants. Ce succès illustre sans équivoque l’attrait renouvelé pour le mobilier Boulle à la fin de l’Ancien Régime, notamment des financiers et des autres dignitaires, clientèle traditionnelle du classicisme louis-quatorzien et autres dignitaires, à l’instar de Blondel de Gagny, Radix de Sainte-Foix ou encore de Grimod de la Reynière. Un passage d’une lettre du marquis de Marigny adressée à son ébéniste Pierre Garnier concernant le choix du mobilier de sa bibliothèque est très révélateur de sa préférence pour l’ébène : Vous conviendrez avec moi que les meubles en ébène et bronze sont beaucoup plus nobles que les meubles en acajou.

L’entreprise Vullliamy dirigée par Benjamin Vulliamy (décédé en 1811) et son fils Benjamin Lewis Vulliamy (1780-1854) est principalement connue pour son rôle d’horloger du roi, mandat royal détenu depuis les années 1740.
Au début du XIXe siècle, l’entreprise élargit son champs d’activité aux meubles et devient incontournable sur le marché des produits de luxe en travaillant aussi bien pour la famille royale que pour l’aristrocratie anglaise.
Vulliamy livre ainsi pour Carlton House des cheminées, des candélabres et autres objets décoratifs en bronze doré et marbre dont une grande partie est importée directement de France. Il est intéressant de noter dans le cas présent que les relations entre Vulliamy et l’artisanat français sont complexes. En effet, Vulliamy ne cache pas son mépris, personnel, pour les compétences françaises en horlogerie et par conséquence a pour habitude de remplacer les mouvements d’origine française.


Post Lot Text

A LOUIS XVI ORMOLU-MOUNTED EBONY AND TORTOISESHELL AND COPPER BOULLE MARQUETRY 'LOVE CONQUERS TIME' MANTLE CLOCK SIGNED BY BENJAMIN VULLIAMY, LAST QUARTER 18TH CENTURY, AFTER A MODEL BY ANDRE-CHARLES BOULLE, THE FIGURE OF TIME AFTER A MODEL BY FRANCOIS GIRARDON

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