Au début des années 1750, la manufacture de Vincennes agrémente plusieurs de ses formes de branches de prunus en relief, inspirées des porcelaines Blanc de Chine du début du XVIIIe siècle ou de leur traduction en porcelaine de Saint-Cloud des années 1720-1740. Des gobelets, des théières, des pots à sucre, des plateaux de déjeuner, des boîtes à thé, des pots à eau et des terrines et pots à oille sont enrichis de ces branches, désignées par les termes à relief par la manufacture. Ces porcelaines à relief sont généralement décorées d’un simple filet dentelé or sur les bords ou bien de petits bouquets de fleurs (voir Aileen Dawson, French Porcelain, A Catalogue of the British Museum Collection, Londres, 1994, no 79, pp. 84-86 et Joanna Gwilt, Vincennes and Early Sèvres Porcelain From the Belvedere Collection, Londres, 2014, no 178, pp. 242-245). L’inventaire de janvier 1754 fait état de la présence dans le magasin de blanc de terrines de la première et deuxième grandeur à fleurs en relief. Le 28 juin 1756, la manufacture de Vincennes vend un grand nombre de porcelaines blanches imparfaites détaillées sur un État des Pièces Existantes au Magasin de Rebus et Vendües aux Sieurs de la Croix et Becquet. Sur cet état figurent 9 pots à oille et plateaux et 2 terrines garnies à fleurs et plateaux 2e grandeur, sans mention de prix (Arch. Sèvres Cité de la Céramique, Vy1 f°131). L’absence de décor et les coups de feu permettent de suggérer que ce pot à oille et ces terrines ont été considérés comme rebus par la manufacture. Il est donc vraisemblable que les présents pot à oille et terrines aient fait partie de cette vente du 28 juin 1756. Au sujet d’un pot à eau en porcelaine blanche à fleurs en relief conservé au Victoria and Albert Museum de Londres sans doute vendu en même temps que nos terrines aux Sieurs de La Croix et Becquet, Tamara Préaud suggère que cette vente avait pour objet de désemplir les magasins de la manufacture avant son déménagement de Vincennes à Sèvres (T. Préaud, A. d’Albis, op. cit, 1991, no 147). D’un autre côté, nos deux terrines et le pot à oille ont été rapprochées de la mention d’un achat du duc de Penthièvre chez Lazare Duvaux en 1757. Il est en effet noté dans le livre-journal du marchand-mercier à la date du 22 octobre 1757 : n° 2910 – S.A.S Mgr le Duc de Penthièvre : Deux terrines blanches à fleurs, de 480 l. pièces, 960 l. – un pot à oille forme du Roy, 600 l . (Louis Courajod, Livre-journal de Lazare Duvaux marchand-bijoutier ordinaire du roy 1748, 1873, p. 336). Ce rapprochement repose sur l’emploi des termes « blanches à fleurs », se distinguant des termes « à fleurs » ou « peint à fleurs » plus majoritairement employés par Lazare Duvaux dans son livre-journal pour désigner les porcelaines décorées de bouquets de fleurs peints. Les termes « blanches à fleurs » ont été interprétés comme signifiant en blanc, à fleurs en relief. Ce rapprochement est toutefois à reconsidérer en raison des prix et de la décoration évoquée.