Issu d'une famille de menuisiers modestes, Pierre Roussel s'établit Rue de Charenton à l'enseigne l'Image de Saint Pierre et est décrit dès 1769 dans l’Almanach de Vray Merit comme l’un des premier ébénistes de Paris. En concurrence avec Jean-François Leleu, il fournit des meubles notamment pour le Prince de Condé au Palais-Bourbon ainsi qu'au château de Chantilly. Bien que son estampille soit utilisée par le père puis par le fils à la mort du premier en 1782, sa production durant le règne de Louis XV se caractérise par sa grande fécondité, avec des meubles d'une grande diversité dans lesquels on retrouve l'élégance, le raffinement et le soin caractéristiques de son œuvre.
Bien que variée, on retrouve dans sa production des commodes similaires à notre présent lot, issues des commodes dites tombeaux de la Régence et comportant deux tiroirs sans traverse, se démarquant par leur dessin agréable et leur ligne souple. Souvent réalisées pour une clientèle allemande, ces commodes marquetées étaient typiques du style de Roussel du début des années 1760. Il était en effet particulièrement réputé pour sa marqueterie de fleurs dont la gravure permettait un rendu très naturaliste de ses bouquets. Son goût personnel l’amena petit à petit vers des marqueteries florales toujours plus étoffées et complexes privilégiant l’utilisation de bois teintés qui permettaient un jeu de couleurs particulièrement recherché et abouti comme en témoigne notre présente paire de commodes.
Ces meubles font partie d’un corpus assez bien documenté de commodes estampillées de Pierre Roussel. Nous retrouvons en effet ce très bel exemple de marqueterie florale si caractéristique de l'ébéniste sur la fameuse commode conservée dans les collections de S. Chalom (Collection Connaissance des Arts « Grands artisans d’Autrefois », Les ébénistes du XVIIIe siècle français, Paris, 1963, p. 131, ill.). Citons également deux autres commodes particulièrement semblables, l’une présentée lors de la vente Couturier Nicolay, hôtel Drouot, le 11 décembre 1996, lot 125 et l’autre lors de la vente Christie’s, Londres le 19 mai 1993 sous le lot 185 (F. Quéré, Les Roussel, une dynastie d’ébénistes au XVIIIe siècle, Dijon, 2012, pp. 158-159 ill.).