Gouverneur de Touraine dès 1760, Etienne François de Choiseul Stainville achète la terre de Chanteloup en 1763. Le château est alors agrandi et modernisé. Une fois les travaux achevés en 1765, les Choiseul s’y installent où simplicité et goût du confort sont le leitmotiv.
Il est très probable que ce paravent ait meublé cette fabuleuse pagode érigée dans les années 1770 au bord de la pièce d’eau du château de Chanteloup. Notre paravent pourrait être celui du salon de compagnie (un paravent de quatre feuilles de papier chinois …) ou celui de la chambre de la duchesse (un dernier [écran] garni de papier chinois).
Véritable ode au goût sinisant alors en vogue, impulsé par la publication en 1772 du traité d’architecture de William Chambers, cette impressionnante pagode, toujours debout, haute de ses sept étages devait abriter des meubles de style orientaux.
L’inventaire est cependant imprécis. On sait que tout un ensemble de meubles en acajou, pour certains à la chinoise, est installé entre les premier et quatrième étages. Ce même mobilier, comprenant deux tables, onze canapés, trois fauteuils, deux chaises et neuf tabourets, était couvert d’ étoffes de Chine. Une autre incertitude demeure : le nom des artisans. Il semble que le menuisier Lebas (père ou fils ?) ait livré des pièces en acajou pour Choiseul à Chanteloup (T. Wolverperges, cat. expo., Chanteloup. Un moment de grâce autour du duc de Choiseul, Tour, 2007, p. 286). En parallèle, Simon Oeben fournit l’essentiel du mobilier d’ébénisterie.
Après la mort du duc de Choiseul en 1785, le château est vendu avec son contenu au duc de Penthièvre, petit-fils de Louis XIV. C’est ce dernier qui fait apposer la marque CP flanquée de deux ancres marines, symboles de sa fonction de Grand Amiral de France.
A son décès en 1793, la succession échut à sa fille, la duchesse d’Orléans. Elle est emprisonnée sous la Terreur, ses biens sont saisis et vendus. Le présent paravent a très probablement connu ce sort.
Deux paravents en bois de rose dans le goût de la Chine ont été identifiés :
- celui livré à Versailles en novembre 1786 par le marchand-mercier Poirier à madame du Barry : « un paravent à coulisses en bois massif découpé à jour, les châssis à … et garnis en beau papier des Indes à magots … 192 livres » que l’on retrouve suite à la mort du souverain, au château de Louveciennes : « un paravent de bois de rose de 3 pieds de haut garni en papier de Chine » ;
- celui figurant dans la collection Fabius ; vente Sotheby’s, 27 octobre 2012, Paris, lot 12.