Accompagné d’un certificat d’authenticité et référencé sous le numéro ID54.
Cette œuvre fait partie du ‘Livre des Gouaches’, un album aussi appelé ‘Au jour le jour’ pour lequel Shafic Abboud avait réalisé à Paris 20 détrempes.
Post Lot Text
Né au Liban en 1926, Shafic Abboud a été imprégné dès sa plus tendre enfance par les récits de sa grand-mère, la conteuse du village. Son regard a été influencé par les icônes et les rites byzantins de son église, qui exaltent la résurrection et la transfiguration du Christ et de l’Humanité avec lui. Plus tard, sa formation intellectuelle sera marquée par les idéaux et les luttes qui ont accompagné la Nahda arabe, cette Renaissance moderniste et anticléricale dont certains éminents promoteurs étaient des écrivains et penseurs libanais. Son œuvre est un manifeste pour la liberté, la couleur et la lumière, une passerelle permanente entre la France et le Liban, entre l’Europe et le Monde arabe.
Il arrive à Paris en 1947 et s’intègre parfaitement à sa vie artistique, comme les très nombreux artistes venus du Monde entier après la Seconde Guerre mondiale (d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe, d’Asie et d’Afrique du Nord) et qui constituent la seconde grande vague migratoire vers Paris. Shafic Abboud eut une nette préférence pour la peinture de Pierre Bonnard, Roger Bissière et Nicolas de Staël.
Libanais et parisien, il était très attaché à ses souvenirs d’enfance au Liban, aux paysages et à la lumière de son pays natal. Il savait profiter des joies simples de la vie : bien manger, boire, aimer, être touché par une certaine lumière sur un paysage, un tissu, un visage ou le corps d’une femme. Il a dit et écrit que peindre le comblait de bonheur, le mettait en transe et lui procurait une grande jouissance semblable à celle de l’amour.
Au fil des saisons et par légers glissements, sa peinture évoluera de la Figuration poétique libanaise à l’Abstraction lyrique parisienne, puis de l’Abstraction à une forme subtile et sublime de Transfiguration abboudienne, qui est à la fois ancienne et moderne, païenne et sacrée. Shafic Abboud n’est pas le peintre d’une seule image, répétée en stéréotype et en multiples variations. Il est en permanente recherche. Il expérimente, se réjouit de trouver, doute et se remet en question. Mais il reste fidèle aux diverses facettes d’une thématique constante, une vision intime du monde intérieur et du monde extérieur. Il travaille souvent par séries : les Saisons, les Fenêtres, les Ateliers, les Chambres, les Nuits, les Cafés engloutis, les temperas sur le Monde de l’enfance, les temperas des Poètes arabes anciens, les Robes de Simone célèbrent par l’éclat des couleurs chatoyantes le souvenir d’une amie et l’émerveillement du peintre au-delà de la mort. Il n’a jamais mis en avant ses engagements, mais son œuvre et ses entretiens avec la presse arabe témoignent de ses opinions et de sa grande sensibilité politique et sociale aux événements du monde : Algérie, France, Liban, Palestine, Chili, …
Qu’il me soit permis de rappeler l’importance de cet artiste. La qualité de sa peinture a été reconnue très tôt par la critique française, libanaise et arabe. En 1953 à Paris, il est le premier peintre arabe à réaliser des livres d’artiste, en eaux-fortes pour Le Bouna et en sérigraphies pour La Souris *, le premier et seul artiste du Monde arabe à participer en 1959 à la Première Biennale de Paris. Au Liban, dans les années 1950-70, il fut l’un des acteurs majeurs de la vie culturelle et artistique de Beyrouth, ville lumière de tout le Proche-Orient arabe, qui a connu de très riches heures de liberté, de créativité, de prospérité et un art de vivre qui ont fait sa réputation internationale. Jusqu’en 1975, il avait l’habitude de passer les trois mois d’hiver au Liban : il enseignait à l’Université Libanaise et organisait une exposition personnelle dans l’une des meilleures galeries de la ville. Il a exposé jusqu’en 1968 avec les plus grands noms de la scène parisienne et participé à la FIAC dès 1983. En 1994, son exposition à Beyrouth après 15 années de guerre fut un triomphe médiatique et commercial. A sa mort en avril 2004, après un adieu amical émouvant organisé au Parc de Montsouris, à proximité de son petit atelier, il reçut un accueil triomphal à Beyrouth et dans la Montagne du Liban, où il est enterré selon son souhait.
(Claude Lemand, Shafic Abboud, Catalogue de la rétrospective de l’IMA, Paris, 2011).
Ses oeuvres (peintures et oeuvres sur papier, céramiques et projets de sculptures, tapis et tapisseries, lithographies et livres d’artiste) sont dans de nombreuses collections publiques en France (MAM de la Ville de Paris, Musée de l’Institut du monde arabe, FNAC, FDAC, Mobilier national, Centre Georges Pompidou, ...) ; en Grande-Bretagne (British Museum, Tate Modern) ; au Qatar (Mathaf de Doha) ; au Liban (Musée Nicolas Sursock, Ministère de la culture) ; en Algérie (Musée des Beaux-arts d’Alger) ; en Jordanie (Musée National), et aux Emirats Arabes Unis (Abu Dhabi), ainsi que dans plusieurs grandes collections privées des quatre coins du monde.
Depuis octobre 2018, le Musée de l’Institut du monde arabe détient la plus grande collection du monde d’œuvres d'Abboud grace à la donation de Claude et France Lemand.
Born in 1926 in Lebanon, Shafic Abboud is one of the foremost Arab artists of the 20th century. His paintings are a manifesto for freedom, colour, light and joy, as well as being a permanent bridge between the art scenes of France and Lebanon and that of Europe and the Middle East. Both Lebanese and Parisian, he was very attached to Lebanon, to its landscapes, its light and his own childhood memories. He was from a Lebanese Arab Modern culture. The stories of his grandmother, who was the village’s story-teller, left an indelible mark on him, at a very early age. He was familiar with the paintings of the travelling story-tellers. The artist’s eye was also strongly influenced by Byzantine icons and traditions from his church. The writings, debates, ideals, hopes and battles characterising the Arab Nahda, a modernist and anti-clerical Renaissance which was initially driven by Arab and Lebanese writers, were to later have a significant impact on Abboud’s intellectual education.
Shafic Abboud arrived in 1947 in Paris. He blended in perfectly with the city’s artistic life, just as many other artists who had come from all over the world after the Second World War (from North and South America, Europe, Asia and North Africa). This was the second major movement of migration to Paris. France’s capital was still at the time the City of lights and the favourite destination of upcoming artists seeking for modernity, embodied by Claude Monet’s last painting period and by all the Parisian masters of the 20th century. He had a particular preference for works by Pierre Bonnard, Roger Bissière and Nicolas de Staël. Abboud’s painting gradually moved from the poetic Lebanese figuration towards the lyrical Parisian abstraction, followed by a move from abstraction towards a very subtle and sublime personal “abboudian transfiguration”, which was simultaneously traditional and modern, pagan and sacred.
His work is often an invitation to the joy of life, a pagan hedonism yet limited by our frail human condition. However, this does not prevent a tragic element from being present in some of his paintings. These occasionally evoke, in an obvious or subtle way, difficult situations from stages of his life or that of his friends’, the tragic events happening in Lebanon, in the Arab world and in various parts of the World. Although Abboud never overtly put forward his engagements, his oeuvre and his interviews with the Arab press reveal his opinion as well as his political and social concerns.
When I described his mature work as being ‘transfigurative’ earlier on, it seems to me that this word reflects best Abboud’s search for a synthesis between his fairy-tale like childhood world and his technical mastering of abstract Parisian painting. He sought to transcend the latter, stimulated by both Bonnard and de Staël, by giving it a soul of its own and a rich and luminous texture. Through his paintings, Abboud aimed to share his own view on both his inside and outside worlds. He transfigured images filtered from his memory into painting, such as his series of Destroyed Cafés of 1990. These large colourful compositions beam the tragic reality of the war in Lebanon devastating the cafés by the sea in Beirut, which Abboud loved going to on his own or with his friends, when he used to visit every winter until 1975. In a similar way, he also transfigured his memory of his friend Simone after her death, whose dresses fascinated Abboud with their various shimmering fabrics. Being neither a devout follower nor believer of any religion, Abboud was nonetheless very much influenced by the glory of the Byzantine Greco-Arab liturgy. Symbolically, Art triumphs over death.
Please allow me to remind you the importance of this artist. Not only the French but also the Lebanese and Arab critics acknowledged the quality of Abboud’s painting at a very early stage in his life. Furthermore, he was the first and only artist from the Arab World to participate to the first Biennale of Paris in 1959. In Lebanon, during two decades 1950-1970, he played a major role for Beirut’s cultural and artistic life. Beirut was the beam of all the Near-Eastern countries, and had experienced many fruitful hours of freedom, creativity, prosperity and a particular way of life, which contributed to its international reputation. Up to 1975, Abboud was used to spending the three winter months in Lebanon. He taught at the Lebanese University and organised personal exhibitions in one of the best galleries of the capital. Abboud’s works were exhibited alongside the biggest names of the Parisian art scene up to 1968, and he participated to the FIAC in Paris, from 1983 onwards. In 1994, after 15 years of war, the show of his oeuvre in Beirut was a huge media and commercial success. When Abboud passed away in April 2004, a moving farewell ceremony was organised at the Parc Montsouris in Paris’ 14th district, very close to where the artist had his small studio. Abboud then received a triumphant welcome, when his body was transferred to Beirut and to Mount Lebanon, where he was buried, as per his wish."
(Claude Lemand)
Since October 2018, the museum of the Institut du Monde Arabe now houses the largest collection of works by Abboud thanks to the Claude and France Lemand donation.
Droit de suite de l’artiste. Voir section D4 des Conditions générales de vente.
Artist Resale right. Please see section D4 of our General Terms and Conditions