Notre tableau fait partie des cinq exemplaires connus de cette composition laissés par Pieter Brueghel le Jeune. Comme souvent, il s’agit de la réinterprétation d’une oeuvre de son père, peinte en 1568 et conservée au Kunsthistorishes Museum de Vienne (inv. no. 1020). La signature, « P. BREVGHEL » nous indique que cette oeuvre a été traitée par Brueghel le Jeune tardivement dans sa carrière, après 1616. En effet, à cette époque, l’orthographe du nom évolue et devient « Breughel ».
Ce tondo, très proche de celui de Brueghel l’Ancien, nous intrigue par le sens énigmatique et foisonnant de sa composition. Celle-ci s’articule autour de deux personnages, chacun dépeint dans une action différente. Au premier plan, un paysan désigne du doigt un homme grimpant à un arbre dans le fond de la composition. Cet homme, un dénicheur, tente d'attraper un nid d'oiseaux. Cette oeuvre d’apparence très simple se révèle complexe au niveau de l’interprétation. René van Bastelaer y avait reconnu le « proverbe du dénicheur » en 1908, qu’il retrouve dans un autre dessin conservé à Berlin, Les Apiculteurs, réalisé vers 1568. D'autres historiens y voient une opposition entre la vita activa et la vita passiva. Par ailleurs, une inscription ancienne sur un autre dessin de Brueghel représentant la même scène suggère le rapprochement avec un autre proverbe flamand qui dit « Celui qui voit le nid en a la connaissance, mais celui qui le prend en a la possession ».
Notre oeuvre se distingue également de celle de Brueghel l’Ancien par l’absence d’eau à l'avant plan. Dans cette première version, le paysan montre le dénicheur tout en se dirigeant d’un pas assuré vers une marre dans laquelle il s’apprête à tomber. Certains historiens y ont vu une comparaison avec la Parabole de la paille et la poutre (Matthieu 7 : 2-5) selon laquelle celui qui juge sera jugé sur la même norme. En supprimant l’eau au premier plan, dans notre tondo, Pieter Brueghel le Jeune renonce au masque du comique qui accompagne l’oeuvre de son père. L’homme qui marche est serein et paraît même optimiste. Finalement, quelque soit le sens voulu par l’artiste, il est évident que notre composition se révèle d’une grande richesse iconographique.
Nous remercions le Prof. Klaus Ertz, spécialiste du peintre, d'avoir confirmé l'attribution de notre tableau. Un certificat d'authenticité sera remis à l'acquéreur.