Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) fut sans doute l’un des plus prodigieux orfèvres du début du XIXe siècle, qui sut se démarquer par son ingéniosité, son talent et son sens des affaires. Il connut la prospérité jusqu’à la mort de Bonaparte en 1821, année où il céda son commerce et se retira définitivement. Ce fils de paysan s’installa à Paris en 1788 et fut reçu maître-tabletier la même année. Ce métier artisanal, proche de celui du menuisier, consiste en la fabrication de petits objets usuels. Dans les Tablettes de renommée, le tabletier était celui qui a "l'art de faire toutes sortes de pièces délicates au tour et autres menus ouvrages en ivoire, écaille et bois précieux tels que des jeux de trictrac, dames, échecs, tabatières, peignes..." (A. Dion-Tenenbaum, "Martin Guillaume Biennais : une carrière exceptionnelle", in Annales historiques de la Révolution française, n°. 340, (Avril - Juin 2005), pp. 47-55).
Son commerce, déjà bien établi et fructueux sous le Directoire, prit son essor sous l’Empire. Bonaparte, de retour glorieux d’Egypte, mais ne possédant aucune fortune, se tourna vers Biennais qui fut le seul négociant à lui accorder sa confiance et à lui fournir à crédit un nombre conséquents de fourniture pour sa maison. Biennais profita de la suppression des corporations sous la Révolution pour étendre son activité à l'ébénisterie dans un premier temps, puis à l’orfèvrerie dès le début du XIXe siècle et ainsi maîtriser tout le processus de fabrication de ses ouvrages. Son activité prit un véritable tournant puisque Napoléon en fit son orfèvre attitré, ce qui s’accompagna de commandes prestigieuses. Son entreprise s’accrut de manière considérable, permettant ainsi la production d’une grande diversité d’objets, tels des nécessaires de voyage ou de toilette, des petits meubles, de l’orfèvrerie de table, des tabatières, ou encore des épées et des ordres.
Notre presse à sceau est un ouvrage atypique dans la production de Biennais. Il s’agit d’un petit modèle portatif, certainement conçu pour un particulier et destiné à sceller un document en y apposant son sceau. Elle porte l’inscription 'Biennais Orfèvre de leurs Majestés Impériales et Royales / Rue S Honoré n.283 au Singe Violet à Paris' sur une plaque de laiton. Nous connaissons un en-tête de Biennais postérieur à l’exposition des produits de l’industrie de 1806 où il reçut la médaille d’or dans la section orfèvrerie, qui précise que son enseigne Au Singe Violet était en effet située dès cette période-là ‘A PARIS RUE ST HONORE N.283’ (Cat. exp., A. Dion-Tenenbaum, L'Orfèvre de Napoléon, Martin-Guillaume Biennais, Musée du Louvre, 15 octobre 2003 - 19 janvier 2004, Paris, 2003, p. 14, fig. 3).
Le principe de la presse à sceller est d’apposer une galette de cire sur la matrice fixée au socle de la presse et de serrer la vis qui retient le contre-sceau, pour imprimer le sceau. Deux presses à sceller impressionnantes sont conservées au Ministère de la Justice. Elles furent réalisées pour Cambacérès, archichancelier de l’Empire, et réalisées par le mécanicien Schrantz. Leur partie basse est constituée d’un bas d’armoire attribué à Jacob-Desmalter. Le scellement des lois n’est aujourd’hui plus une condition de leur validité. Cependant, pour en marquer la solennité, il demeure d’usage pour la Constitution, ses modifications ainsi que pour certaines lois importantes.