[CHRONIQUES DE SAINT-DENIS]
Le premier [second, tiers] volume des grans croniques de France...Paris : Guillaume Eustace, 1er octobre 1514.
Belle édition illustrée des Chroniques de Saint-Denis. Ces dernières constituent une histoire officielle de la France et de son peuple, remontant jusqu'aux mythiques origines troyennes des Francs. Connue par de multiples manuscrits, cette somme historique autant qu'outil de la propagande royale est imprimée pour la première fois en 1477 (n.st.), par Pasquier Bonhomme - il s'agit d'ailleurs du premier ouvrage en langue française jamais imprimé à Paris. Une seconde édition, augmentée et pour la première fois illustrée paraît en 1493, à l'enseigne d'Anthoine Vérard.
En 1514, Guillaume Eustace, qui se présente alors comme "libraire du roi", demande à Louis XII le privilège de pouvoir réimprimer les grandes chroniques, car "plusieurs gens tant de nostre royaulme que estrangiers ont appelé à les veoir et recouvrer tellement que pour le present ne sen treuve aucuns à vendre" (feuillet CCLXXVI v.). Elle semble donc répondre à une demande importante. Textuellement, cette édition de 1514 suit la précédente : le prologue comprend d'ailleurs toujours l'adresse à Charles VIII, bien que ce dernier soit mort depuis 1498 ! Elle ajoute tout de même les évènements significatifs pour le royaume de France jusqu'en 1513. Les gravures sur bois qui illustrent l'ouvrage sont aussi des reprises, soit des Chroniques de 1493, soit d'autres livres publiés par Vérard, comme son Aristote ou son Lancelot du lac.
Le présent exemplaire a d'abord fait partie de la bibliothèque de l'abbaye Saint-Victor de Paris, fondée au XIIe siècle et rapidement devenue l'un des pôles intellectuels de l'Europe médiévale. Cette importante provenance est attestée par plusieurs inscriptions, l'une en latin étant accompagnée d'un dessin des armes de l'abbaye ("d'azur à 4 bâtons fleurdelisés par les 2 bouts et pommetés d'or posés en croix et en sautoir"). L'abbaye est supprimée en 1790. Au XIXe siècle, le livre passera dans la collection de l'ingénieur et bibliophile Louis-Alexandre Barbet. Sa bibliothèque fut dispersée en 1932.

USTC 12905; Bechtel, C-334 ; Moreau, E.P., 1514, n°796 ; Thomas Schwitter. Erinnerung im Umbruch : Die Fortsetzung, Drucklegung und Ablösung der "Grandes chroniques de France" im 15. und frühen 16. Jahrhundert. Heidelberg, 2022, Winn, Vérard, p. 257.

3 vol. in-folio gothiques (315 x 200 mm). T. I : manque le feuillet CXVI.
T. I en peau de mouton retournée de l'époque, tranches mouchetées (reliure frottée, charnières et dos usés), t. II et III en vélin rigide du premier tiers du XXe siècle.
Provenance : sur le titre du t. I, mention manuscrite "Ex Bibliotheca Victoriana"qui indique que l'exemplaire faisait partie de la bilbiothèque de l'abbaye Saint-Victor de Paris. Cette mention est complétée par une autre annotation manuscrite au sujet de la même provenance, avec notamment les armes dessinées de l'abbaye -- sur le titre du t.III, annotation manuscrite de l'époque avec le proverbe "A coup de langue écu d'oreille" dans des phylactères dessinés, et en-dessous, le nom "Noël Collet" -- Louis-Alexandre Barbet (1850-1931). Signature autographe sur le feuillet contrecollé au début du t. I ; catalogue de la vente de sa bibliothèque, Paris, 1932, n°298.

Third edition, the second illustrated, of the Chroniques de France, also known as the Chroniques de Saint-Denis, owing to its compilation from the 12th to 15th century by the monks of Saint-Denis. They were recognised as official historians of the French monarchy, and, appropriately, the Chroniques glorifies France and her rulers. Eustace reprinted Vérard's 1493 edition, complete with the dedication to Charles VIII (d.1498) and a number of Vérard's woodcuts, since, as the letter patent at the end of the last volume states, it was out of print and unavailable. The first volume is in a contemporary binding, the second and third in modern ones.

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