MERIAN, Maria Sibylla (1647-1717)
Dissertation sur la génération et les transformations des insectes de Surinam... La Haye : Pierre Gosse, 1726

Première édition française du grand œuvre de Merian.

Rare exemplaire de luxe, avec les planches en contre-épreuve.

Marie Sibylle Merian, fille du graveur Matthäus Merian, naît à Francfort-sur-le-Main en 1647. Son beau-père l’initie à la peinture de fleurs, et elle dessine dès sa prime jeunesse les plantes et insectes des environs de Francfort et Nuremberg. Elle en publie plusieurs recueils entre 1675 et 1683, dont elle grave elle-même les planches, s’éloignant du genre de la peinture de fleurs au sens strictement artistique pour une pratique de la peinture botanique à vocation scientifique. Séparée de son mari, peintre d’architecture, elle part avec ses deux filles pour le château de Waltha, en Frise occidentale, qui appartient au gouverneur du Suriname.
“Bientôt, elle vit dans les cabinets de la Hollande une infinité de papillons encore plus curieux ; elle sut qu’ils avoient été apportés de l’Amérique, et dès ce moment, sans craindre les fatigues et risques d’un voyage pénible [...], elle s’embarqua avec sa fille et collaboratrice Dorothée au mois de juin 1699, pour la province de Suriname dans l’Amérique méridionale, et se destina à peindre sur le lieu tout ce qui pourra piquer sa curiosité. Elle y fait un séjour de deux années, et le 23 septembre 1701, elle arrive en Hollande, apportant avec elle soixante miniatures sur vélin, exécutées avec tant de soin et de vérité que ceux qui les virent avouèrent qu’on ne pouvoit mieux rendre les vérités de la nature.” (Pierre-Jean Mariette, Abecedario, Paris, Dumoulin, 1856, t. 3, p. 382-384)
Merian publie pour la première fois en 1705, à Amsterdam, le fruit de ses observations sur la métamorphose des papillons du Suriname. L’ouvrage, paru simultanément en latin et en néerlandais, comportait soixante planches gravées par l’artiste. Il est réédité en 1719, dans une version augmentée de 12 planches supplémentaires établie par ses filles à partir du matériau laissé par Merian à sa mort.
Cette première édition franco-latine de 1726 comporte elle aussi les 72 planches en pleine page représentant les “Insectes [papillons, chenilles et chrysalides] sur les plantes, les fleurs et les fruits dont ils se nourrissent”. Certaines gravures donnent également à voir des araignées, des “Fourmis, des Serpens, des Lezards, des Crapaux et des Grenouilles” dessinés d’après nature.
Chef-d'œuvre de la peinture scientifique, l’ouvrage et ses gravures ont été admirés tant pour leur valeur artistique, recherchée par les amateurs de l’époque, que pour la fidélité de leurs représentations zoologiques et botaniques.
Nissen BBI, n°1341 et pp. 85-86 ; BM NH III, p. 1290 ; Dunthorne, n°205 ; Great Flowers Books p. 119 ; Pinault, Le Peintre et l’Histoire naturelle, pp. 45-46 et 66-68 ; Van de Roemer et al., Merian. Changing the Nature of Art and Science, pp. 131-142 ; Wettengl, Maria Sibylla Merian, pp. 224-226 ; Reitsma, Maria Sibylla Merian & Daughters, p. 165 ; Von Kriez, Maria Sibylla Merian, pp. 82-83 et 114-115.

Grand In-folio (483 x 330 mm). [1 front., 1 f. titre,*¹, **¹, A²-[Q¹]-S² ; F° ; + 72 pl.]. Frontispice par F. Ottens, gravé par J. Oosterwyk (provenant probablement de l'édition de 1719), colorié à l’époque, encadrement rehaussé d’or, f. de titre en français imprimé en rouge et noir avec vignette par D. Coster, armes du dédicataire Diego de Mendoca gravées en f. de dédicace, f. de préface en français par Merian. Texte en français et en latin (f. de titre latin, f. de préface en latin et f. de texte Q manquants, sans le feuillet de titre général 'Histoire des insectes de l'Amérique' présent dans certains exemplaires). 72 pl. gravées par Pieter Sluyter, Joseph Mulder, Daniel Stoopendael et Marie-Sibylle Merian, coloriées à l’époque, certaines rehaussées d’or (pl. 30 à 33 et 56 remplacées par des planches en épreuve de la même édition, pl. 12 et 21 reliées tête en bas). Reliure du XIXe siècle : demi-chagrin noir à coins, liserés dorés, plats de percaline bleu nuit, pièce de titre en maroquin lie de vin sur le premier plat, dos lisse orné d’un jeu de fleurons et entrelacs, contreplats et gardes de papier marbré (ff. de texte souvent tachés, certains piqués, une quinzaine présentant des déchirures de 1 à 10 cm parfois restaurées, rares plis et mouillures marginales. Reliure frottée, coins endommagés, taches de colle aux angles des contreplats, des plis et déchirures aux gardes).

First French edition of Merian’s magnum opus. Rare deluxe copy with counterproof plates. The most renowned scientific work on the metamorphosis of butterflies of the beginning of the Enlightenment.