Cette paire de dessins représentant des bergers avec leur chien sur papier bleu est restée dans l’atelier de l’artiste au Vieux-Louvre jusqu’à son décès et figure dans sa vente d’atelier du 18 février 1771 (lot 378). Selon Françoise Joulie, ils appartiennent à un ensemble des ‘derniers dessins du créateur infatigable que fut Boucher’ (op. cit., p. 117). A la fin de sa vie, Boucher se tourne vers les peintres flamands et hollandais du siècle d’Or et s’inspire des créations d’Abraham Bloemaert ou encore Rembrandt tout en réinterprétant les maîtres dans son propre style, avec l’une de ses techniques de prédilection, les craies de couleur -ici pierre noire et craie blanche- sur papier bleu. Citons une autre étude de Boucher, à la sanguine, directement inspirée de Bloemaert qui représente également un Berger assis tenant un bâton, conservée au musée des beaux-arts d’Orléans (inv. 1146 ; op. cit., n° 12, ill). La position du berger au bâton de la présente paire rappelle fortement l’une des douze planches du Livre d’étude d’après mes desseins originaux de Blomart gravé par François Boucher peintre de l’Académie royale annoncé à paraître dans le Mercure de France de juin 1735 (pl. n° 8 ; op. cit., cat. 25, ill).
François Boucher possédait également une importante collection de tableaux et dessins de maîtres nordiques, dont Willelm Kalf, Nicolaes Berchem, Philip Wouverman, Jacob Jordaens ou encore Van Dyck et Rubens (op. cit., pp. 17-28). Ces deux dessins, connus uniquement par des photos anciennes lors de l’exposition de Françoise Joulie sur Boucher et les peintres du Nord en 2004-2005 sont une belle redécouverte.