L'histoire de Cupidon et Psyché est un récit allégorique des difficultés éprouvées par les dieux et les mortels dues à la jalousie et au désir.
Psyché était d'une beauté telle que le peuple l'adorait comme une incarnation de Vénus. Mais la déesse, jalouse, ne put supporter que l'on puisse comparer sa beauté à celle d'une vulgaire mortelle. Vénus demanda donc à son fils Cupidon d'user de son pouvoir pour contraindre Psyché à s'enticher du plus bas des manants.
Par une manigance de sa part, Psyché se retrouva bientôt au palais de Cupidon, qui vint la visiter le soir même. S'éprenant d'elle au risque d'attirer la colère de sa mère, il revint les soirs suivants, toujours dans l'obscurité la plus complète. Effectivement afin de ne pas être reconnu, il avait fait promettre à Psyché de ne jamais le regarder, sous peine d'un grand malheur. Celle-ci, comblée par cet amant, parvenait très bien à s'en satisfaire jusqu'à ce que ses soeurs, jalouses de son bonheur, la persuadent qu'il n'était qu'un monstre hideux se cachant pour mieux la dévorer.
Inquiète, Psyché rompit son serment, profitant du sommeil de Cupidon pour le regarder à la lueur de sa lampe. Surprise et subjuguée par la beauté de l'être qu'elle découvrit, elle ne put s'empêcher de le contempler, et ce faisant, laissa tomber une goutte d'huile de la lampe sur l'épaule de Cupidon qui se réveilla. Furieux de sa désobéissance, et blessé d'avoir été trahi, ce dernier s'enfuit dans le palais de sa mère. La déesse apprit alors leur aventure et, plus jalouse que jamais, consigna Cupidon dans sa chambre. Psyché, effondrée mais déterminée, parvint à trouver le palais de Vénus et affronta les épreuves que celle-ci lui soumit. Cupidon reprit alors confiance et finit par obtenir de Jupiter l'immortalité de Psyché, afin que Vénus ne puisse l'empêcher de l'épouser.
La scène illustrée sur le présent plat dépeint cet heureux dénouement; elle est issue d'une gravure du Maître au Dé, appartenant à une série décrivant des épisodes tirés de la vie de Psyché provenant du recueil Les Amours de Psyché, publié vers 1530 (Verdier, op. cit., p. 309). On connaît cinq autres plats de service décorés de la même scène, tous portant les initiales 'I. C.' (Jean Court) et datant du troisième quart du XVIe siècle : deux se trouvent au Victoria et Albert Museum de Londres, à la Walters Art Gallery, Baltimore, un autre au British Museum, Londres, et un dans une collection privée.