Aux XVIe et XVIIe siècles, plusieurs villes italiennes étaient spécialisées dans la taille du cristal de roche, en particulier Milan et Florence. Prague jouit aussi d’une renommée dans le domaine, grâce aux artistes italiens installés dans la ville. Parmi eux, les Miseroni, famille d’artisans lapidaires et de joailliers, se démarquent dans cette activité et obtiennent une reconnaissance européenne au milieu du XVIe siècle. Ils exercent principalement dans deux ateliers : le premier à Milan, ville dont ils sont originaires, le second à Prague, fondé par Ottavio en 1588 à la suite du mécénat des Habsbourg.
Notre coupe présente certaines caractéristiques communes avec quelques productions milanaises et pragoises de la famille Miseroni, et plus particulièrement de Dionisio Miseroni (1607-1661), fils du célèbre Ottavio (1567-1624). Ce type de coquilles sculptées en relief rappelle le travail de la feuille d’acanthe de Dionisio, à l’exemple de la coupe en quartz fumé à décor de raisins sculptée vers 1648-1649 (Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv. 1345), d’un bol oblong réalisé vers 1650 (Kunsthistorisches Museum de Vienne, inv. 1367) ou encore d’un cristal sculpté qui lui est attribué (vente Sotheby’s, New York, 2 février 2024, lot 608) et qui partagent avec notre œuvre le traitement des ondulations du corps.
Le vocabulaire décoratif et le traitement du relief de notre coupe en cristal de roche à décor de quatre coquilles ne sont pas sans rappeler ceux de la partie supérieure (coupe et couvercle) d’une autre coupe en cristal de roche (vente Sotheby’s, Paris, 8 juillet 2022, lot 407). Ces deux exemples se rapprochent étroitement de coupes qui se trouvaient dans les collections de Louis XIV et du Grand Dauphin (1661-1711), aujourd’hui conservées entre les musées du Prado et du Louvre.