Le peintre paysagiste flamand-romain Paul Bril (1553/1554-1626) est né dans la ville de Breda en 1553 ou 1554. À l'âge de quatorze ans, il gagne sa vie en peignant des paysages sur des clavecins. Vers l'âge de vingt ans, il se rend à Lyon où il travaille pendant quelques années. On le trouve à Rome en octobre 1582, travaillant au Vatican aux côtés de son frère aîné Matthijs. Paul Bril meurt en 1626, laissant une œuvre importante de fresques, de gravures, de dessins et de tableaux de cabinet. Il a exercé une influence considérable sur les peintres paysagistes ultérieurs et est considéré à juste titre comme le prédécesseur le plus important de Claude Lorrain (1604/1605-1682).
Le présent tableau de Paul Bril, exécuté sur une grande toile, fut exposé au Victoria and Albert Museum de Londres en 1962. À l'époque, la composition était uniquement connue par le biais de deux œuvres beaucoup plus petites du maître, peintes sur un support en cuivre. Une version sur support métallique (28,5 x 39,5 cm.) est signée et datée ‘Pa Brilli 1602’. Elle est conservée à la Glasgow Art Gallery dans le cadre du legs Mc Lellan. Le second cuivre apparenté (26 x 24 cm.) est exposé à l'Alte Pinacothek de Munich et est signé par le maître "Pa Bril Roma 1603". La composition générale et plusieurs détails sont similaires dans toutes ces œuvres. Toutefois, la position du Christ et de ses deux compagnons constitue une différence importante. Le tableau de Glasgow les montre dans le coin droit, tandis que dans la version de Munich, ils sont placés plus au centre et beaucoup plus intégrés au paysage. Dans la présente toile, ils sont placés au loin, dans le coin inférieur droit. La comparaison des dimensions et du support des œuvres de Glasgow et de Munich avec la toile ci-présente illustre une évolution générale dans les peintures de chevalet de Bril. Peu après 1600, ses peintures de chevalet deviennent en général plus grandes et sont souvent exécutées sur toile plutôt que sur cuivre. Il n'existe aucune peinture authentique de Paul Bril sur un support en bois. Une date de 1603 ou peu après est envisageable pour le présent tableau.
Un dessin conservé au Cabinet des dessins du musée du Louvre présente une composition similaire (voir L. Wood Ruby, Paul Bril: The drawings, Turnhout, 1999, n°43, fig. 45). Le dessin est fortement apparenté en termes de composition, mais il ne peut être considéré comme préparatoire à des œuvres peintes à l'huile. La feuille du Louvre est manifestement une œuvre d'art indépendante qui n'a joué aucun rôle dans le processus de création. On peut supposer que les trois tableaux et le dessin sont basés sur un dessin préparatoire perdu. Dans l’ensemble des œuvres basées sur ce dessin, la haute tour de la citadelle au sommet de la montagne est le pivot de la composition.
La rencontre du Christ avec ses deux disciples sur la route d'Emmaüs, telle qu'elle est relatée dans l'Évangile de Luc, était un thème populaire dans l'art des XVIe et XVIIe siècles. Après la rencontre sur la route, les protagonistes ont pris leur repas à Emmaüs. Le thème de la rencontre sur la route et du repas qui s'ensuit a inspiré de nombreux artistes, parmi lesquels Titien (vers 1588/1490-1576), Pieter Bruegel l'Ancien (vers 1525/1530-1569), Rembrandt (1606-1669) et Vélasquez (1599-1660).
Les observations ci-dessus concernant Le Christ sur le chemin d'Emmaüs sont basées sur un examen direct de l'oeuvre, un Ekta-chrome ainsi que des images numériques récentes.
Nous tenons à remercier Drs. Luuk Pijl d’avoir rédigé la notice ci-dessus.