D’allure savamment débraillée, le jeune homme de notre portrait arbore un très bel exemple de coiffure dit 'à la chouette effrayée'. Les cheveux étaient alors organisés à l’aide de pommade dans de savants mouvements afin de paraître naturellement ébouriffés. Si on ne connaît l’origine de cette curieuse expression, elle témoigne d’un certain goût pour une mise plus tard.
NOTE SUR L'ARTISTE – BOILLY, INVENTEUR DU PORTRAIT EN SÉRIE
Boilly (1761-1845) fût le meilleur chroniqueur – et peut-être le plus apaisé – d'une période bien mouvementée de l'histoire française, la fin de l'Ancien Régime et le début du XIXe siècle. Exerçant avec tendresse, et sans omettre une certaine malice, son métier de peintre à chaque régime qu'éprouva le pays – la Révolution, la Ière et éphémère République, le Directoire, le Consulat, l'Empire, la Restauration, la Monarchie de Juillet –, il aura fourni une photographie bien précise de son siècle.
Après la Révolution et l'affaiblissement d'un pouvoir central qui commandait aux artistes des œuvres conséquentes, occupant des ateliers de grandes échelles parfois sur plusieurs années, les artistes ont pu se retrouver dans une situation assez précaire. Boilly comprit la période avec intelligence et observa la déroute de l'aristocratie contrebalancée par l'essor d'une nouvelle classe sociale bourgeoise, citadine, aux revenus confortables, mais sans privilège. Il songea à un moyen d’offrir à cette population un produit accessible et personnel. Lui vint l’idée de fournir un portrait standardisé qui conservera toujours les mêmes dimensions (environ 20 x 15 cm), les mêmes châssis, sur une toile à la même préparation crème pour recevoir un semblable fond brun, et qui s’accompagnera d’un même cadre. Le lancement se produit au Salon de 1800 dans lequel l'artiste fait inscrire au livret sous le numéro 39 'plusieurs portraits faits chacun en une séance de deux heures'. Habile publicitaire, Boilly précisa son adresse complète au livret 'rue du faubourg Saint-Denis, près le boulevard, la 2e porte cochère à gauche'. Le succès se propagea rapidement et devint une source de revenu stable pour ce prolixe artiste n'abandonnant pas par ailleurs le reste de ses talents. Son fils Jules Boilly (1796-1874) évoqua le nombre de 5,000 portraits réalisés par le peintre et la vente organisée par Boilly en 1829 évoque dans son avant-propos 4,500 portraits. Le nombre exact pourrait être une approximation du peintre prenant en compte son rendement journalier.
Que les modes changèrent et que les cadres furent dépassés durant les trente-cinq ans qu’il en réalisa : qu'importe, toute une société voulut son portrait par Boilly. Le prix plutôt fixe ne fluctuant qu'aux mouvements de l’inflation attira une clientèle très variée dans une démarche qu’on pourrait qualifier aujourd'hui de démocratique. Les lots 166 à 185 présentent un bel échantillon de cette partie de l’histoire de la peinture qui n'est pas sans évoquer la photographie à venir quelques années plus tard.
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Français
Le tableau a préservé de jolis effets de matière dans le gilet moucheté.
Le tableau est peint sur sa toile d'origine. Elle est correctement maintenue sous tension sur son châssis à clés d'origine. Du côté de la surface picturale, on constate cinq trous de la taille d'une tête d'épingle dans la toile : deux au-dessus de la tête du modèle, deux dans son gilet et un à gauche de son oreille. Il convient de surveiller ce dernier, associé à un très léger manque de matière.
A l'oeil nu, le tableau présente une matière picturale assez fine et sèche, révélant la trame et la chaîne du support de toile, et ayant entraîné un réseau de craquelures dans les carnations du visage et le blanc de la chemise. Ces craquelures ont été stabilisées par le passé mais mériterait une nouvelle campagne de stabilisation. On constate des retouches ponctuelles ayant viré dans les fonds, particulièrement le long des bords. Le tableau est sous un vernis épais, assez brillant et encrassé.
L'examen à l'UV confirme les retouches susmentionnées et révèle deux zones de restauration supplémentaires : sur le front, dans la chevelure du modèle, et dans le coin inférieur droit. Une autre campagne de restauration, plus récente, a été effectuée dans le but de rehausser l'aisselle du modèle.
Dans un cadre en bois doré avec une vitre et un cartouche ‘L. BOILLY’ (approx. 33,7 x 28,5 x 5 cm).
English
The painting has preserved the lovely material effects in the speckled waistcoat.
The painting is unlined. It is correctly held under tension on its original keyed stretcher.On the painting surface, there are five pinholes in the canvas: two above the model's head, two in his waistcoat and one to the left of his ear. It is worth keeping an eye on the latter, which is associated with a very slight lack of material.
In natural light, the painting is fairly thin and dry, revealing the weft and warp of the canvas support, which has resulted in a network of cracks in the skin tones of the face and the white of the shirt. These cracks have been stabilised in the past, but would benefit from a new stabilisation campaign. There is evidence of occasional retouching that has faded in the background, particularly along the edges. The painting is under a thick, fairly shiny and dirty varnish.
UV examination confirms the above-mentioned retouching and reveals two additional areas of restoration: on the forehead, in the model's hair, and in the lower right-hand corner. Another, more recent restoration campaign was carried out to enhance the model's armpit.
In a gilded wooden frame with glass and “L. BOILLY” cartouche (approx. 33.7 x 28.5 x 5 cm).
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Lot 168Sale 23798
Portrait d’un homme sans veste au gilet vert mouchetéLOUIS-LÉOPOLD BOILLY (LA BASSÉE 1761-1845 PARIS)Estimate: EUR 1,000 - 2,000
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