Cognac et Jarnac. Manuscrit autographe, 1868

DUMAS, Alexandre (1802-1870). Cognac et Jarnac. Manuscrit autographe signé, daté « 1er juillet 1868 » de la main de son secrétaire Georges Le Barrois d’Orgeval.

4 pages et demie sur 5 feuillets in-4 numérotés (270 x 210 mm), encre noire sur papier, recto seul.
Pliures anciennes, très petits manques marginaux.

Article paru le 2 juillet 1868 sous le titre « Causerie – Exposition du Havre », dans l’avant-dernier numéro du D’Artagnan, feuille littéraire créée par Dumas et dont 66 numéros parurent en 1868. In fine, son secrétaire Georges d’Orgeval, également secrétaire de la rédaction du D’Artagnan, a ajouté quelques mots : « Les lignes ci-dessus ont été écrites par Dumas Père lui-même en sortant de déjeuner le 1er juillet 1868 de 2h à 3h de l’après-midi ».

Avec spiritualité, Dumas y relate « une tournée de province » entamée sous le double prétexte de visiter une cité commerçante – Cognac – et sa voisine au passé historique – Jarnac. Arrivé à Cognac, il rencontre par un heureux hasard Mr Etournaud (dont le patronyme est orthographié de différentes manières au fil du manuscrit), propriétaire d’une florissante maison d’eaux-de-vie, qui lui fait aimablement visiter sa cave et lui confie ses secrets d’exploitation : « Voilà comment s’y prend Mr Estourneau. Deux mois avant la récolte il fait une tournée dans le Cognançais. Il a soin de garnir ses poches de billets de banque. Deux mois avant la récolte le paysan est à sec. Dix mois de privation l’ont conduit à déterrer sa dernière pièce d’or. Alors il propose de traiter la récolte sur pied. Il est reçu comme Dieu apportant la manne aux Israëlites. Et tout en rendant service à des braves auxquels il escompte les deux ou trois derniers mois de l’année, il fait de son côté une excellente affaire. »

En dépit de l’invitation d’Etournaud à demeurer chez lui, Dumas poursuit son voyage jusqu’à Jarnac, au moyen d’une voiture prêtée par son aimable cicérone et dûment pourvu « pour les besoins de la route [d’]une demie [sic] bouteille de Cognac ». L’arrivée sur le site de la bataille est l’occasion, pour le voyageur, de raconter cet épisode des guerres de religion au cours duquel le prince de Condé, « ce charmant petit Prince que l’on aimait tant » commandant l’armée protestante, fut assassiné d’un coup de pistolet après sa reddition. Face à lui, le duc d’Anjou, futur Henri III, sur lequel Dumas rejette la honte de ce lâche fait d’armes :
« J’étais donc bien à l’endroit même où le pauvre Prince avait été tué traitreusement d’un coup de pistolet. Envoyé par le duc d’Anjou après la bataille finie, Montesquiou tourna la haie, passa son pistolet à travers les épines et lâcha le coup presqu’à bout portant.
Le Prince s’était comporté en héros. Arrivé le premier sur le Champ de Bataille avec 400 gentilshommes protestans [sic], il voulut attaquer à l’instant même.
Il avait le bras droit en écharpe par l’effet d’une chute qu’il avait faite la veille, mais à peine avait-il pour charger tiré son épée de la main gauche, qu’une ruade du cheval du duc de La Rochefoucauld lui brisa la jambe gauche. Mais lui malgré la vive douleur qu’il ressentait refusait de se faire panser. […]
Deux heures après la bataille était perdue et le prince était mort.
Son adversaire était le duc d’Anjou – ou plutôt Tavannes, Bassompierre et de Tendes. Mais la honte doit retomber sur qui la mérite. Le duc d’Anjou, en apprenant la mort du Prince de Condé, le fit attacher en travers sur une vieille ânesse, et promener par tout le camp… »

Autograph manuscript signed of this article published in 1868.

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