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ERNST, Max (1891-1976), Ilia Zdanevitch, dit ILIAZD (1894-1975) et Guillaume TEMPEL (Ernst Wilhelm Leberecht Tempel, 1821-1889). 65 Maximiliana ou l’exercice illégal de l’astronomie. Ecritures et eaux-fortes de Max Ernst pour commenter et illustrer les données de Guillaume Tempel mises en lumière par Iliazd. Paris : Le Degré Quarante et Un, 1964.

Le chef-d'oeuvre de Max Ernst, dans une superbe reliure de Paul Bonet. Exemplaire Abbey. Le thème de l’errance, voire de l’exil, est omniprésent dans la production d’Iliazd, tout comme sa fascination pour les figures oubliées de l’Histoire. Astronome autodidacte, Ernst-Wilhelm Tempel (1821-1889) a parcouru l’Europe dans l’espoir de découvrir des planètes et d’accéder à la reconnaissance de ses pairs. Il atteint son premier objectif le vendredi 8 mars 1861 lorsque, juché sur la terrasse de l’observatoire de Marseille où il travaille, il observe un astéroïde auquel il donne le nom de Maximiliana 65, en l’honneur de Maximilien II de Bavière. Une controverse éclate parmi la communauté scientifique, où l’usage était de donner aux astéroïdes des noms puisés dans la tradition classique. Ses pairs donnent finalement à sa découverte le nom de Cybèle, déesse phrygienne de la Terre. Iliazd interprète ce refus comme une condamnation de Tempel à l’obscurité, puisque le nom même du sceau duquel il souhaitait marquer sa découverte est frappé d’anathème. En exhumant des fragments des notes et des lettres de Tempel, Iliazd vise ainsi à le soustraire à cette obscurité, le “mettant en lumière”, comme le proclame le titre.
Ses audaces typographiques, qui, par mimétisme, ornent les pages de mots qui cascadent en pluies d’étoiles, doivent éclairer d’un jour nouveau la vie et les écrits de Tempel. Pour l’illustration de l’ouvrage, Iliazd approche Max Ernst. “Hasard objectif, destinée inscrite dans les noms mêmes, pour Iliazd rompu au jeu des palindromes, il n’y avait pas d’hésitation : Max Ernst (anagramme de Stern, ‘l’étoile’) se devait d’orner les textes d’Ernst-Wilhelm Tempel sur l’étoile Maximiliana qui portait son prénom” (Régis Gayrau). Outre les grandes eaux-fortes qu’il réalise, Ernst décore également les pages de lithographies, et de sortes de glyphes qu’il appelle “écritures” : « ici le paléographe rejoint l’astronome dans cette quête du déchiffrement des signes » (Françoise Le Gris-Bergmann, p. 54)
Astre rayonnant de l’œuvre d’illustrateur de Max Ernst, caractéristique des aspirations, des obsessions mais aussi de l’inventivité d’Iliazd, Maximiliana semble faire écho au mot de Stéphane Mallarmé, qui, dans une lettre à Gide à propos d’Un Coup de dés, écrivait, prémonitoire : “la constellation y affectera, d’après des lois exactes et autant qu’il est permis à un texte imprimé, fatalement une allure de constellation”.

Cet exemplaire est revêtu d'une superbe reliure de Paul Bonet, la seule jamais réalisée par le relieur sur cet ouvrage, qui s'inspire autant des thématiques spatiales de l'ouvrage que des ornements de Max Ernst. Trois lettres adressées par Bonet au Major Abbey documentent sa réalisation, débutée en octobre 1967. Le 9 juillet 1968, le relieur confirme avoir expédié l'exemplaire achevé à son propriétaire. Bonet y indique d'ailleurs que la reliure est "très différente de celles faites précédemment" pour Abbey : "elle comporte un travail important de mosaïques : dégradés de maroquin de différentes couleurs et découpages dans la surface". Dans ses Carnets, Bonet indiquait, laconique mais visiblement satisfait: "j'aime le décor de cette reliure" (n°1615).

Anne Hyde Greet, « Iliazd and Max Ernst : 65 Maximiliana or the Illegal Practice of Astronomy », in World Literature Today, vol. 56, n°1, hiver 1982, pp. 10-18 ; Yaël Nazé, « Tribute to an astronomer : the work of Max Ernst on Wilhelm Tempel », in Journal for the History of Astronomy, vol. 47 n°2, mai 2016, pp. 115-135 ; Françoise Le Gris-Bergmann, « Iliazd, ou d’une œuvre en forme de constellation », dans Iliazd, Maître d’œuvre du livre moderne, 1984, pp. 25-84 ; Paul Bonet, Carnets, n°1615.

In-folio (408 x 325 mm). Un des 65 exemplaires sur Japon ancien numérotés en chiffres arabes, celui-ci le n°14, signé par l’éditeur et l’illustrateur sur la double page de titre. 30 doubles-feuilles paginées, quintuple chemise, couverture de parchemin illustrée. 34 eaux-fortes originales de Max Ernst, dont 6 à double-page. Ernst a également réalisé les ornements, dessins ou collages reproduits in ou hors-texte dans l’ouvrage. Couverture de parchemin illustrée d’après Ernst. Reliure signée de Paul Bonet, datée 1968 : box brun, sur le fond vers la base à gauche une grande cocarde de maroquin très déchiré comportant six couleurs se développant sur un rythme centrifuge d’un orange pâle puis des rouges et des bleus. Passant sur ce motif et s’élevant obliquement vers la droite un réseau de spirales libres mosaïquées de box de différentes nuances jaunes et oranges et de chaque côté deux accolades libres accompagnant ce mouvement, constituées en caissons étroits, dont le fond est mosaïqué de box brun clair. Doublure et gardes de daim gris clair, tranches dorées sur témoins. Chemise, étui. L'exemplaire est monté sur onglets. Provenance : reliure exécutée pour John Roland Abbey (1894-1969), avec son ex-libris. Sa vente, 2 juin 1970, lot n°2616. Encartées dans l'exemplaire, 3 lettres autographes de Paul Bonet à Abbey.

Max Ernst's masterpiece, in a magnificent binding by Paul Bonet, designed and crafted for John Roland Abbey. The present copy of this book is the only one ever bound by Bonet.
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