Ce glaive a probablement été offert au jeune prince royal de Hollande, Napoléon Charles Bonaparte, par Joachim Murat, son oncle par alliance et l'un des officiers les plus appréciés de Napoléon Ier. Napoléon n’avait en effet pas d’héritier quand le jeune prince est né, et celui-ci était considéré comme éventuel successeur. Le propre fils de Joachim Murat est portraitisé à l’âge de neuf ans en uniforme de marine sur une toile de Louis Ducis des collections de Versailles, représentant Napoléon et ses neveux sur la terrasse du château de Saint-Cloud. Sous l’ordre de l’Empereur en 1810, Murat avait été chargé de relancer l’industrie navale napolitaine : un certain nombre de nouveaux navires ont donc été construits dans les années suivantes, tels que les navires de ligne de 74 canons Capri, lancés en 1810, Giacchino, réalisé en 1812, et les frégates Carolina et Letizia, édifiées en 1811 et 1812. Les uniformes et armes de la marine napolitaine adoptaient la mode de la marine française.
Le jeune prince Napoléon Charles meurt en mai 1807, et Joachim Murat accède au trône de Naples seulement un an plus tard, en août 1808. Ce glaive aurait ainsi également pu lui être donné par un autre de ses oncles, Joseph Bonaparte, roi de Naples entre 1806 et 1808, d’autant que ses quillons à têtes de lion sont exactement les mêmes que sur l’épée de Joseph, conservée au Musée de l’Armée.
Ce glaive est peut-être inspiré par l’œuvre de Martin Guillaume Biennais (1764-1843) qui a réalisé la couronne et le sceptre de l'empereur pour son couronnement en 1804, et l'épée de Joachim Murat, roi de Naples. La poignée de ce dernier est d'ailleurs ornée d’un camée à l’effigie de la reine Caroline Bonaparte, et est flanquée de quillons et d’un pommeau similaire à l’épée du jeune prince.
Ce glaive a été réalisé par la Manufacture royale napolitaine, fondée en 1757 par Charles VII, roi de Naples, à Torre Annunziata près de Naples. Les armes à feu et les armes blanches de cette manufacture sont fortement influencées par la production française à cette période. Les marcassites d’acier taillées à facettes sont une caractéristique particulière des armes les plus prestigieuses de la région, comme l'épée de Joseph Bonaparte, offerte par le duc de Wellington au prince régent en 1813, après avoir été saisie par les Britanniques lors de la bataille de Vitoria.