Né à Anvers, Jean-Michel Picart (1600-1682) effectua la plus grande partie de sa carrière à Paris, ne se départissant pas d’un style septentrional et d’un goût pour les compositions plus sobres que certains de ses contemporains. Michel Faré (1913-1985) proposa cette attribution dès 1974, alors que notre tableau était communément admis jusqu’ici comme étant une œuvre de Louise Moillon (1610-1696), en raison d’une inscription apocryphe au revers (M. Faré, Le grand siècle de la nature morte en France. Le XVIIe siècle, Fribourg-Paris, 1974, p. 94). Faré rapprochait ainsi notre tableau d’une composition aux fruits similaires, actuellement conservée au musée de Karlsruhe (no. inv. 494). Les natures mortes aux pêches sont autant de témoignages d’un fruit particulièrement prisé au XVIIe siècle. Jean-Baptiste de La Quintinie (1626-1688), directeur des jardins fruitiers de Louis XIV (1638-1715), en cultivait pas moins de trente-trois sortes différentes pour le monarque, tout en déclarant : 'Je sais bien que les pêches quand elles ont leur bonté naturelle, sont pour ainsi dire, la manne précieuse de nos jardins et en effet d’un aveu général, elles valent mieux qu’aucuns fruits à pépins' (J. Vitaux, Le dessous des plats. Chroniques gourmandes, Paris, 2013, p. 47). Loin d’être un privilège royal, c’est à proximité de Paris, du côté de Montreuil, que se développa la culture des pêchers donnant l’occasion aux parisiens de pouvoir apprécier ce fruit juteux. Cette délicate nature morte capture donc un instantané des mœurs des Parisiens, en suivant la quiétude des maîtres flamands.