En 1753, Louis XV commande au sculpteur Jean-Baptiste Pigalle un mausolée en l’honneur de l’un de ses plus illustres maréchaux de guerre, Maurice de Saxe, décédé trois ans plus tôt. De confession protestante, cette figure militaire majeure est inhumée dans l’église luthérienne de Saint-Thomas, à Strasbourg. Ce projet royal de grande envergure ne sera inauguré qu’en 1777, après vingt-quatre années d’études et de travaux. Une première maquette en cire avait été présentée dès 1756 dans l’atelier du sculpteur, au Louvre. Pigalle manie le vocabulaire savant de la sculpture funéraire, figurant le maréchal descendant les marches de son propre tombeau, entouré des allégories d’une France intercesseuse et de la Mort.
Plusieurs projets et reproductions du monument au maréchal de Saxe sont aujourd’hui connus, attestant à la fois de l’ampleur du chantier et de la postérité exceptionnelle de l’œuvre de Pigalle. Parmi les premières étapes du processus créatif figure donc la fameuse maquette « de position » en cire du musée du Louvre (inv. RF 1551). On connaît également une maquette exécutée par Senckeisen, fils d’un orfèvre strasbourgeois, qui avait exprimé le souhait de réaliser le groupe du mausolée en cire en 1776 (mention dans une lettre adressée au baron d’Autigny).
De même, une version, offerte par M. Albert Vernes au musée de Strasbourg, reproduit en plâtre la composition générale du groupe. Elle présente, comme sur notre relief, une variante narrative: l’Amour y apparaît tête nue, sans casque, un choix que Pigalle ne fait qu’à un stade tardif de son travail. Une autre réduction, en marbre, est datée de 1801, dont le baron Grouvel fait don au musée Historique de Strasbourg. Enfin, diverses représentations en terre cuite, parfois réduites à des personnages isolés, complètent cet ensemble de déclinaisons.