L’Odalisque brune par Boucher (1703-1770), réalisée dans les années 1740, symbolise un aspect du XVIIIe siècle français (musée du Louvre, Paris, inv. RF 2140). Elle incarne ce fantasme d’une société libertine, insouciante, en même temps qu’un luxe d’intérieur molletonné. L’intimité dévoilée de ces peintures n’était pourtant pas aussi offerte que les générations suivantes l’ont clamé. L’Odalisque brune du Louvre demeura en effet secrète et ne fut jamais présentée à un Salon de peinture du vivant de l’artiste.
La scène tire probablement son iconographie audacieuse d’une œuvre en vogue, le Sopha, écrite par Crébillon (1707-1777) et parue d’abord clandestinement en 1740. Dans ce conte moral aux accents orientaux, Amanzeï, victime d’un sortilège, est métamorphosé en sofa et subit les frasques érotiques des différents amants s’ébattant sur lui. À la fin de l’histoire, le sofa est transporté dans la chambre de la jeune Zeïnis dont la description correspond au tableau de Boucher avec ornements luxueux et brûle-parfums. La pièce sciemment provocatrice se poursuit avec l’évocation d’une scène érotique entre le jeune Amanzéï – toujours sous forme de sofa – et Zéïnis.
Si la genèse de cette œuvre demeure mystérieuse, différentes versions sont apparues au cours du XVIIIe siècle. Une gravure de cette composition parue en 1765, année d’accession par Boucher au titre de Premier peintre du Roi, est diffusée sous le titre Le Réveil (fig. 1). L’intention était possiblement malveillante et pour discréditer le peintre au service de l’État royal en dévoilant ses compositions les plus effrontées.
Diderot (1713-1784) commentera également la peinture de Boucher qu’il semble avoir vue sous sa forme peinte et induira sans fondement qu’il s’agissait d’une représentation de l’épouse du peintre. Il est possible que le philosophe ait vu une version réalisée pour le collectionneur Le Riche de La Popelinière (1692-1762) passée en vente publique en 1763 (possiblement la version aujourd’hui au Louvre). Une autre version de cette composition est décrite dans le catalogue de vente après décès du marquis de Marigny en 1782 (18 mars-6 avril 1782, lot 23). Le musée de Reims possède également une très belle version datée de 1743, spoliée pendant la guerre et en attente de retrouver ses légitimes propriétaires (inv. M.N.R. 61). Enfin Wildenstein recense plusieurs autres versions potentiellement identifiables avec les versions précédentes (voir A. Ananoff, François Boucher, Genève, 1976, I, pp. 380-381).
Notre version, très proche de la version du Louvre, s’inscrit dans cette diffusion confidentielle de l’image sulfureuse au XVIIIe siècle. L’artiste de notre version dut être proche d’une des primes versions du peintre, la gravure tirée de cette scène étant en sens inverse et dévoilant une moue plus grimaçante que dans notre peinture.
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Le tableau présente très bien à la lumière naturelle, tous les détails de la composition et la profondeur des couleurs étant bien préservés.
La toile a fait l'objet d'un rentoilage. La toile est maintenue sous tension sur un châssis à clés et reste stable. Le processus de rentoilage, relativement strict, a aplati la couche picturale supérieure à certains endroits, notamment dans les drapés blancs et bleus.
À la lumière naturelle, un fin réseau de craquelures est visible sur la surface de la peinture, notamment dans les tons plus pâles, tels que les tons chair et la draperie blanche. La matière reste stable. On constate quelques traces mineures de retouches, notamment le long du bord inférieur de la composition.
L'examen sous lumière UV confirme les observations ci-dessus. Il révèle quelques retouches associées à une couture horizontale de toile qui s'étend sur toute la largeur de la composition à approx. 10 cm du bord supérieur. Juste en-dessous de la couture de la toile, s'étendant horizontalement à partir du bord gauche, se trouve une déchirure restaurée de la toile, qui mesure approx. 15 cm. Une autre déchirure s'étend horizontalement depuis le bord gauche et mesure approx. 10 cm dans le coin inférieur gauche. Trois autres petites déchirures s'étendent horizontalement à partir du bord droit : deux dans le coin supérieur et une au centre du bord droit. Il y a cinq autres petites déchirures au centre de la composition : trois dans le corps du modèle et deux dans la literie. D'autres petites retouches ponctuelles sont visibles sur la surface de la composition. Des retouches sont visibles le long des bords de la toile, probablement suite à l'abrasion du cadre.
English
The painting presents very well in natural light with all the details of the composition and the depth of colour well preserved.
The canvas has been subject to relining, it is held under tension on a keyed stretcher and remains stable. The relining process, which is relatively strict, has flattened the upper paint layers in certain areas, notably in the white and blue drapery.
In natural light, a fine network of craquelure can be seen across the paint surface, notably in the paler tones, such as the flesh tones and the white drapery. The paint remains stable. There are some minor traces of retouching, notably to the bottom edge of the composition.
Examination under UV light confirms the above observations. It reveals some retouching associated with a horizontal canvas seam that runs the length of the composition approximately 10 cm from the upper edge. Just below the canvas seem extending in horizontally from the left-hand edge is a restored tear to the canvas, which measures approximately 15 cm. There is a further tear extending and horizontally from the left edge measuring approximately 10 cm in the lower left-hand corner. There are three more minor tears extending in horizontally from the right hand edge: two in the upper corner and one to the centre of the right hand edge. There are five more minor tears to the centre of the composition: three in the body of the model and two in the bedding. There is some further minor scattered retouching across the surface of the composition. There is retouching visible to the canvas edges likely the result of historic frame abrasion.
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L'OdalisqueÉCOLE FRANÇAISE DU XVIIIe SIÈCLE, SUIVEUR DE FRANÇOIS BOUCHER估價: EUR 10,000 - 15,000